Elle n’y revient, d’ailleurs, que pour mourir. Une dernière discussion théologique avec Alan, la déception de constater que Dieu n’a pas daigné « faire un signe pour elle » en prolongeant de quelques instans la vie de Mrs Fountain : et la voilà qui va se noyer, compliquant son égoïsme, cette fois, d’une inconséquence moins excusable encore. Car, pour peu qu’elle ait été sincère en annonçant à Helbeck son intention de se convertir, elle doit bien admettre comme possible que la vie de Mrs Fountain va continuer au-delà du tombeau, et qu’ainsi la morte pourra se réjouir de sa conversion. Le récit de ses derniers instans ne laisse pas, toutefois, d’être assez touchant ; avec une longue description d’un paysage d’hiver, c’est le seul passage, dans cette seconde partie du livre, qui puisse être comparé aux admirables chapitres de la première partie :
« Vers quatre heures, à l’aube, Helbeck s’éloigna du lit funèbre de sa sœur, auprès duquel il avait passé toute la nuit en prière. Il fut un peu étonné de songer que Laura n’était pas revenue pour prendre sa part de la veillée ; mais en même temps il en fut heureux, il lui sut gré d’avoir eu la prudence d’épargner ses forces.
« Quelque temps auparavant, tandis qu’il faisait nuit noire, la sœur Rose était descendue pour se reposer un moment. Sa chambre était au-dessous de celle de Laura. En passant, elle avait vu que la chambre de Miss Fountain restait éclairée, et elle y avait entendu un bruit de pas. où se mêlait peut-être un bruit de sanglots. Mais elle ne s’en était pas inquiétée : c’était chose bien naturelle que la jeune fille veillât et pleurât. Elle était descendue dans sa chambre, avait dormi un moment ; et elle venait de remonter auprès de la morte, quand elle vit Miss Fountain entrer dans la chambre.
« Laura était vêtue de noir, couverte d’un long manteau noir. Sa robe et son manteau étaient tout trempés de boue. Elle avait les cheveux en désordre, et le vent avait laissé une rougeur passagère sur son pâle visage. Dans ses bras elle tenait quelques branches de cerisier, cueillies sur un arbre que Mrs Fountain avait spécialement aimé. Elle s’arrêta sur le seuil et considéra les deux religieuses d’un regard incertain, comme si elle savait à peine où elle était.
« Sœur Rosa vint à elle.
« — Ces branches sont mouillées, murmura la jeune fille,