hydrophile, pansemens et bandages, petite trousse de chirurgien… Sommes-nous au bout ? Certes ce n’est pas encore tout ce qu’il serait bon d’emporter, mais c’est déjà beaucoup ; et, voilà que, par comparaison, on ne va plus oser rire de l’arsenal hétéroclite dont s’encombrait l’héroïque Tartarin quand il quittait sa bonne ville de Tarascon pour aller chasser le lion chez « les Teurs » ou le chamois sur la Jungfrau !
Lorsque l’émigrant a son matériel au complet et qu’il l’a bien mis en ordre, il convient qu’il opte, sans retard, entre les différentes voies qui peuvent le conduire à destination ; or, aucune des combinaisons qui vont solliciter son choix ne lui promet le moindre agrément.
Six itinéraires, sinon plus, aboutissent à Dawson ; mais il en est dans le nombre dont il serait permis de faire ici abstraction parce qu’ils ne sont pas à l’usage du vulgaire.
Peut-être verra-t-on, dans un certain nombre d’années, des trains exclusivement canadiens courir, sans quitter la terre canadienne, des bords du Saint-Laurent aux rives du Yukon. Une ligne de chemin de fer, greffée à Galgary sur le grand Canadian Pacific Railway, a déjà sa gare terminus dans la province d’Alberta. Mais on est là à 2 000 kilomètres du but ; et, provisoirement, le voyageur descendu de wagon à Edmonton n’a pour s’orienter ou plutôt pour s’occidenter vers le Klondyke que les cours d’eau. Il tâchera de gagner, soit, par l’Athabasca, le Mackensie et le Porcupine, au-delà du cercle arctique ; soit la rivière Pelly par la rivière Peace. Rien de tout cela n’est impraticable ; mais à quiconque n’a point beaucoup de loisir et beaucoup d’argent, de telles pérégrinations doivent être actuellement déconseillées. Et les moyens de transport perfectionnés, dans cette direction, risquent de se faire attendre plus que de raison ; car, outre les difficultés matérielles — et elles sont grandes — on sait à Londres et à Ottawa qu’en accordant au Canada français cette légitime satisfaction, on irriterait les ports de l’ouest qui ne veulent pas laisser détourner le courant qui les enrichit. L’accord n’a même pu se faire entre les deux Chambres du Dominion sur le projet transactionnel du cabinet Laurier, qui assurait à MM. Mackensie et Mann, avec d’importans privilèges, la