an à 20 ou 30 millions de notre monnaie au XVIe siècle, à 30 ou 40 millions au XVIIe siècle. Au siècle dernier, elle approchait de 100 millions. Elle est redescendue à 60, à 50, à 40 millions pendant les premières luttes de l’Espagne avec ses possessions d’outremer (1810-1825). Mais, avec l’or californien d’un côté, avec l’or australien de l’autre, le demi-milliard est tout de suite atteint, dépassé ; et, pendant un quart de siècle, de 1850 à 1875, la valeur obtenue oscille entre 700 et 600 millions de francs. Après quoi, elle décline momentanément. En 1883, elle n’était plus évaluée qu’à 494 millions, et déjà des voix inquiètes, rééditant à leur façon le mot de M. Thiers, nous invitaient à saluer, ne devant plus le revoir, ce demi-milliard qui s’en allait. De graves professeurs de géologie, de doctes professeurs d’économie politique commençaient à annoncer, en justifiant cette prophétie par de spécieuses considérations, l’épuisement prochain des mines d’or. C’était fatal, à les entendre, et peut-être imminent. Des variations innombrables ont été brodées sur ce thème. On s’évertuait à tout expliquer par « la disette de l’or, » engendrant comme conséquence forcée « la plus-value de l’or. » Du là venait, il n’en fallait pas douter, la baisse générale des prix de gros en Amérique, en Europe, partout où l’insuffisance du métal jaune s’aggravait de la disgrâce du métal blanc, réduit, pour cause de dépréciation, au rang de monnaie d’appoint.
La théorie quantitative, comme on l’appelle, s’est encore fait applaudir plus d’une fois dans ces dernières années, grâce à de sympathiques éloquences. Mais il est temps de reconnaître qu’elle pèche par la base, puisque l’industrie de l’or, au moment même où il était universellement question de sa décadence, se préparait à prendre, dans toutes les directions, un essor sans précédent. Grâce aux 300 millions tirés, dès 1897, des conglomérats du Transvaal, grâce aux 50 millions qui sont en train de descendre des hauteurs du Yukon, grâce à la multiplication des gisemens exploités et au perfectionnement des méthodes extractives, le rendement total, en quinze années, a progressé de plus de 150 pour 100 : un demi-milliard en 1883 ; 1300 millions au moins en 1898 ! Et le métal blanc, de son côté, est loin de se décourager, malgré la défaveur dont il est devenu l’objet. En quinze ans aussi, le poids de l’argent annuellement mis au jour a augmenté de 150 pour 100 : 2 millions de kilogrammes, à peine, en 1877 ; 5 millions de kilogrammes depuis 1893. Le monnayage même de l’argent continue