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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/461

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REVUES ÉTRANGÈRES

UNE BIOGRAPHIE PSYCHO-PATHOLOGIQUE DE VICTOR ALFIERI

Vittorio Alfieri, studi psicopatologici, par G. Antonini et L. Cognetti de Martiis, avec une préface de M. Cesare Lombroso. 1 vol. in-8o, Turin, 1898.

J’ai autrefois connu un poète qui chantait les grands hommes, ou plutôt les hommes célèbres, parmi lesquels s’en trouvent, comme on sait, de petits et de grands. Mais, grands et petits, il les chantait tous, pourvu seulement que l’actualité lui remît leurs noms en mémoire. D’humeur très calme, à l’ordinaire, et s’accommodant parfaitement de vivre en bonne prose, il ne pouvait lire dans les journaux l’annonce d’un centenaire, d’un jubilé, de l’inauguration d’une statue ou d’un buste, sans qu’aussitôt sa muse, réveillée, lui dictât une ode, des stances, ou tout au moins un sonnet, à la gloire du personnage qu’on allait fêter. Peu lui importait, d’ailleurs, que celui-ci fût un artiste, un savant, ou un philanthrope : on le fêtait, il voulait le fêter aussi ; et les dictionnaires ne manquaient point pour lui fournir, après cela, sur les mérites de son héros improvisé, autant et plus de renseignemens qu’il en pouvait désirer.

Je dois ajouter que cette façon particulière de concevoir la poésie, tout en procurant à mon ami les palmes académiques avec maintes autres distinctions flatteuses, ne lui permit pas cependant de prendre rang lui-même entre ces hommes célèbres dont il s’était, spontanément, constitué le poète : c’est un premier point par où son cas diffère de