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volume et la pression de la masse gazeuse. Il faut qu’elle s’applique également à la substance dissoute. La pression osmotique doit donc varier proportionnellement au binôme de dilatation, c’est-à-dire à la température absolue. Les valeurs théoriques, calculées d’après ce principe, ont été confrontées aux valeurs expérimentales mesurées par Pfeffer. L’accord a été remarquable. Par exemple, entre une solution de sucre contenant un gramme de sucre pour cent d’eau, et l’eau pure qui en est séparée par une membrane, il se développe une pression osmotique qui varie avec la température ; à 32 degrés, elle est de 544 millimètres de mercure ; à 14 degrés la théorie indique que cette pression doit être de 510 millimètres : l’expérience a donné 512. Pour le tartrate de soude à 13 degrés, le calcul donne 908 et l’expérience 907. Ces concordances soutenues apportent évidemment une grande force à la doctrine. Elles ne doivent pourtant pas nous aveugler sur les défauts qu’elle présente et les corrections qu’elle exige. Mais ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans une critique approfondie.

La mesure directe de la pression osmotique est, en raison de quelques difficultés expérimentales, une opération extrêmement délicate. Nous ne croyons pas qu’il y ait eu, en dehors de MM. Pfeffer et Ponsot, plus de deux ou trois physiciens qui l’aient réalisée. Aussi bien, n’est-il pas nécessaire d’opérer directement. On arrive plus facilement en prenant un biais. On déduit la pression osmotique d’une solution de la mesure de la tension de la vapeur qu’elle émet (mesure tonométrique) ou encore, et plus habituellement, de la détermination du point de congélation de la liqueur (mesure cryoscopique). On obtient ainsi, non point des valeurs absolues, mais des valeurs relatives, et celles-ci suffisent d’ailleurs aux comparaisons qui sont, en définitive, le but ordinaire des recherches scientifiques.

Il ne serait pas très difficile de faire comprendre à un lecteur attentif le principe de la relation qui existe entre la pression osmotique d’une part et ces autres propriétés physiques des solutions, d’autre part, à savoir la température de congélation et la force élastique de la vapeur. Nous nous contenterons pour le moment de signaler l’existence de ces relations et l’usage que les physiciens en ont fait dans l’étude de l’osmose. Cette constatation suffit au but que nous nous proposions. Elle achève de mettre en évidence les multiples connexions de l’osmose, et sa liaison avec les phénomènes physiques les plus divers. On vient de voir