dissolution et de diffusion. Représentans-nous le grain de sel de tout à l’heure successivement dissous dans un verre d’eau, dans une carafe, dans un tonneau, dans des volumes d’eau de plus en plus grands ; faisons abstraction du temps qu’a exigé chacune de ces opérations ; ou plutôt accélérons, comme dans une sorte de cinématographe, la succession de ces stades, et offrons ce défilé rapide à notre méditation ; nous aurons alors, dans l’acte même de la dissolution, l’image de l’expansion d’un gaz.
Il n’en faut pas davantage pour concevoir l’hypothèse de M. van t’Hoff. Selon le chimiste néerlandais, la substance dissoute se trouve réellement à l’état gazeux dans son dissolvant. Celui-ci n’intervient en quelque sorte que comme un moyen de permettre l’expansion du corps dissous ; il faut l’envisager, non pas comme une substance mais comme un espace propre à l’extension de la matière soluble. Lorsque celle-ci est parvenue aux limites du dissolvant, elle exerce contre les parois qui l’enferment — et particulièrement contre la membrane osmotique, dans le cas qui nous occupe — la même pression qu’un gaz ou qu’une vapeur arrêtés dans leur expansibilité par les parois du récipient qui les contient. Cette pression, c’est précisément, en valeur, la pression osmotique. Le corps dissous devient un gaz qui a pour pression sa pression osmotique, et un volume qui dépend du degré de concentration. Dès lors, on comprend l’énoncé de la loi que M. van t’Hoff a ainsi formulée : « La pression osmotique d’une solution a la même valeur que la pression qu’exercerait la substance dissoute, si, à la température de l’expérience, elle était gazeuse et occupait un volume égal à celui de la solution. »
Arrivés à ce point, nous sortons enfin des conceptions théoriques et nous mettons le pied sur le terrain solide de l’expérimentation. La loi précédente, en effet, permet de calculer la pression osmotique pour chaque substance déterminée soluble dans l’eau ; elle en fournit une valeur théorique, un nombre, un chiffre. C’est le moment d’en juger le bien fondé. On confrontera cette valeur avec celle que fournit la mesure directe. Ce sera la concordance des chiffres ou leur discordance qui décideront.
La théorie de M. van t’Hoff est sortie victorieuse de cette première épreuve. Elle a résisté à d’autres encore. Si le corps dissous est assimilé à un gaz, il doit suivre les lois fondamentales qui régissent l’état gazeux, les lois de Mariotte et de Regnault. Cette dernière exprime l’influence des variations de température sur le