Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/790

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aussi le chef-lieu de sa lieutenance générale de Normandie.

Le Roi vint en personne. Mais Luynes fit son entrée à part, à la tête de 500 chevaux. En raison de sa qualité de lieutenant général, il présida lui-même la séance d’ouverture des États de la province et il par la avec bonne grâce, aux applaudissemens de tous.

L’assemblée des Notables s’ouvrit, le 4 décembre, en présence du Roi, par un discours du chancelier, le vieux Sillery. Puis, on se mit au travail. En vingt jours, la besogne fut faite et le paquet de réformes accepté, sous de légères modifications. Le cahier fut remis au Roi par le cardinal Du Perron, le 26. Il contenait un plan général de refonte des Conseils du Roi, la suppression de la Paulette, la limitation du chiffre des pensions, en un mot, il donnait satisfaction à la plupart des aspirations justifiées, qui, depuis si longtemps, se manifestaient par tout le royaume. Ce fut une congratulation générale pour un si beau et si prompt résultat. Louis XIII donna rendez-vous aux députés, à Paris, le lendemain du jour des Rois, pour leur faire connaître sa réponse qu’il promit sincère et favorable. Mais cette promesse ne tint pas, et il n’en fut plus jamais question. Fontenay-Mareuil conclut judicieusement : « Cette assemblée demeura, comme toutes les autres, sans effet. Mais comment aussi, verroit-on ôter les désordres d’un lieu où il y a un favori qui ne subsiste que par le désordre et qui en est lui-même le plus grand de tous ? »

Cependant, Luynes surveillait, du coin de l’œil, tout ce qui se passait du côté de la Loire, soit à Blois, soit à Coussay. Ce solitaire muet l’inquiétait toujours. L’évêque a beau faire le mort : on le sait vivant et bien vivant. Il gêne. On trouve, qu’à Coussay, il a encore trop d’air ; il est trop près. On lui donne l’ordre de se renfermer dans son évêché, parmi ces marais dont les fièvres sont pour lui si perfides. Son frère Richelieu, son beau-frère Pontcourlay doivent aussi se retirer dans leur maison.

L’évêque, le premier, leur conseille la patience. Sur le bruit qui lui est parvenu que la Reine a fait quelque démarche pour le faire revenir auprès d’elle, il écrit à son frère pour demander « qu’elle arrête le cours des poursuites qu’elle fait pour mon rétablissement. »

Cette pauvre Marie de Médicis est, en effet, bien abandonnée. En proie à tous les intrigans, elle tombe dans tous les pièges. Elle se ressouvient de son ancien ministre et conseiller Barbin