chantiers sont fermés. Les ingénieurs de l’Exposition ont pu garder quelques hommes en organisant des dortoirs et des réfectoires dans le chantier des Champs-Elysées, et la Compagnie d’Orléans a fait venir des employés de province pour continuer les travaux de la gare du quai d’Orsay.
Le même jour, les menuisiers en bâtiment adhèrent à la grève, ainsi que les parqueteurs, qui, dans un ordre du jour très significatif, déclarent « qu’ils croient devoir s’associer au mouvement par esprit de solidarité, mais qu’ils n’ont pas pour but d’obtenir une augmentation de salaires, ni aucune modification au contrat intervenu entre leur syndicat et celui des entrepreneurs. » Ils s’en excusent auprès des patrons dans une lettre très courtoise. Les maçons et tailleurs de pierre se mettent définitivement en grève, ainsi que les scieurs de long, mouleurs et découpeurs à la mécanique.
Le Comité de la grève lance une proclamation pour inviter toutes les autres corporations à suivre cet exemple.
Certains conseillers municipaux, lit-on dans cette affiche, désireux de faire de la conciliation, vont essayer de donner le travail en régie ; cela part d’un bon sentiment, mais on peut entièrement satisfaire les intéressés.
D’autre part toutes les corporations ayant diverses revendications à formuler, le moment est donc venu pour le prolétariat d’obtenir, par une entente commune et par un mouvement général, toutes les justes réclamations présentées aux exploiteurs depuis si longtemps sans obtenir de résultats.
L’appel se termine par ces mots :
Soyez convaincus que dans quelques heures, ce sera le tour des chemins de fer, du gaz, des omnibus, de la métallurgie à déclarer la grève. C’est l’heure des revendications générales. Préparons-nous à faire notre devoir.
Le caractère de la grève a changé, on sent que cet appel est l’œuvre de la Commission de la grève générale nommée en 1896 au Congrès de Tours : le mouvement cesse d’être corporatif, il devient politique et révolutionnaire. Les revendications mêmes des corporations qui viennent de se mettre en grève n’ont plus le caractère professionnel. Au début ces réclamations portaient sur trois points précis : Application intégral des prix de la série de 1882 ; Suppression de la signature ; Application des décrets et loi de mars 1848 sur le marchandage. Le 4 octobre, les peintres demandaient encore la nomination d’une commission mixte de