pour vous, et que je reconnais tous les services que vous m’avez rendus. Mais, dans les circonstances graves dans lesquelles nous sommes, je désire surtout que vous restiez auprès de l’Impératrice et de mon fils. En faisant partie du Conseil privé, vous pourrez la seconder de vos conseils. Quant à l’administration de la Guerre, je crois utile de vous en décharger, parce qu’il faut bien reconnaître que, quoique la politique vous ait empêché de vous mieux préparer, l’armée vous en veut de tout ce que nous n’avons pas pu faire. — J’espère, néanmoins, que vous voudrez bien seconder Randon de votre expérience et de vos lumières, car il ne faut pas se dissimuler que nous sommes dans une situation critique, et que nous pourrons dans quelques mois avoir toute l’Allemagne sur les bras. » (4 mai 1809.) — « Sa lettre est mauvaise, écrit Vaillant dans son carnet ; il me sacrifie ; je le lui dis, je le dis à l’Impératrice, qui se met à pleurer. »
Les duretés de l’Empereur envers ses serviteurs n’étaient jamais longues. Vaillant, déjà membre du Conseil privé, fut nommé major-général à la place de Randon. Pendant les quelques jours où il traita avec son successeur, il semble n’en avoir pas été satisfait. «Le maréchal Randon, écrit-il dans son carnet (25 avril), est encore plus faible que je ne croyais. » — Le maréchal Randon paraît avoir éprouvé des sentimens analogues sur son prédécesseur. « L’armée, écrit-il dans ses Mémoires, manquait de tout excepté de courage. » — Injustice évidente, car, si, le 23 avril, l’armée eût réellement manqué de tout, quelle que fût l’activité déployée, elle n’aurait pas pu, le 26 mai, se mettre en marche et vaincre.
SA MARCHE TOURNANTE DE FLANC
L’Empereur, dans sa jeunesse, avait étudié sérieusement les principes de l’art de la guerre, sous la direction du général Dufour, ancien chef de bataillon du premier Empire, commandant en chef de l’armée helvétique, auteur d’un traité de tactique très estimé. Vers 1835, il avait été nommé capitaine au régiment d’artillerie de Berne sur la proposition de l’avoyer Tavel, qui, à cause de cela, resta toujours son ami ; il avait suivi les exercices militaires de l’École fédérale de Thoune. En 1836 il publia un Manuel d’Artillerie