ne se taisait pas ; il redoublait de fureur, il arrivait à Mac-Mahon comme un reproche et comme une imploration : les minutes lui pèsent autant que des heures, et point de nouvelles d’Espinasse ! Il n’y tient plus. Suivi d’un officier, il s’élance à travers les champs, les vignes, les fossés, renversant les cavaliers, bravant les tirailleurs, terrible, irrésistible. Il trouve Espinasse maître de Marcallo et, en prévision du concours des Piémontais, s’apprêtant à continuer sur Magenta. Mac-Mahon lui dit que les Piémontais viendront très tard, s’ils viennent, lui prescrit de s’établir fortement à Marcallo, qui doit être conservé à tout prix comme appui de sa gauche et dépôt de notre ambulance, et de se rallier à lui par la ferme de Guzzafame.il revient ensuite en ouragan. — Imprudence, a-t-on dit. — Certainement, mais l’histoire aime ces imprudences, elles font les héros et les victoires.
Les Autrichiens se rendent compte du resserrement ordonné par Mac-Mahon et veulent l’empêcher par une attaque sur Marcallo. Espinasse les repousse, laisse sa brigade Gault dans le village, jusqu’à ce que Fanti, auquel Mac-Mahon a envoyé son premier aide de camp, soit arrivé, et avec son autre brigade il refoule les vaincus sur Magenta.
Rassuré sur Espinasse, Mac-Mahon ordonne à La Motterouge de reprendre son mouvement contre Buffalora (quatre heures). Le général, qui s’élance aussitôt, a la surprise de trouver là les grenadiers de la Garde maîtres de la position : craignant d’être pris entre deux feux, les Autrichiens s’étaient retirés[1]. Il continue sur Magenta. À la ferme de Casa Nuova, il se heurte à une sérieuse résistance ; il s’y arrête le temps d’en venir à bout. C’est le bruit de la fusillade et de la canonnade engagées là qui, arrivant à San Martino, a relevé les espérances : les courages n’avaient pas à l’être. Les Autrichiens, qui commencent à sentir que la journée tourne contre eux, redoublent néanmoins de vigueur : ils succombent.
La prise de la Casa Nuova détermine un mouvement en avant qui rassure définitivement Espinasse sur la possession de Marcallo. Quoique Fanti ne s’y soit pas encore montré, il rappelle vers lui la brigade Gault, sauf quelques détachemens (six heures et demie), et rejoint Mac-Mahon.
Mac-Mahon a tout son monde sous la main, il prend ses dernières
- ↑ Mac-Mahon se trompe dans son rapport lorsqu’il parle d’une attaque vigoureuse contre la position.