dispositions. Lui, à la tête de la division La Motterouge, attaquera par la route de Buffalora, Espinasse par celle de Marcallo, Camou suivra au centre de la ligne ; tous se dirigeront sur le clocher de Magenta par un mouvement convergent de plus en plus serré (sept heures).
Les généraux deviennent soldats pour mieux entraîner les troupes. La Motterouge, debout sur son cheval, les excite ; Castagny, qui a abandonné le commandement de sa brigade, fait le coup de feu, Auger établit son artillerie disponible sur le chemin de fer et fauche l’ennemi. De part et d’autre on accomplit des prodiges de valeur. Espinasse, qui tout le jour avait été superbe de sang-froid et de vaillance, est tué raide du coup de carabine d’un Tyrolien, à la porte d’une maison qu’il essaye d’enfoncer. L’extérieur du village pris, le combat continue de maison en maison et devient atroce (huit heures). Il se termine par la pleine déroute des Autrichiens.
À ce moment se montre l’avant-garde de Fanti, un bataillon de bersagliers et quatre canons. Sans s’attarder à entrer dans le village de Marcallo, abandonné par la brigade Gault, et dont il savait la possession assurée, il s’était judicieusement hâté vers Magenta par Casone. Ses quatre canons purent encore tirer quelques coups sur les fuyards ; quand le reste de sa division, à trois kilomètres environ, se rapprocha, il n’y avait même plus de fuyards à achever. Là, comme partout, où il avait été attendu pendant la journée, Fanti arrivait quand tout était fini.
Du côté du Naviglio, la victoire n’avait pas été moins pénible à obtenir. L’entrée en scène de Mac-Mahon redoubla l’ardeur au Ponte Nuovo et au Ponte Vecchio, et nous reprîmes l’avantage. Mais les Autrichiens, une troisième fois, reviennent en force contre les ponts du Naviglio et de San Martino par les deux bords du canal. Après des péripéties diverses, malgré une résistance acharnée, la brigade Picard, épuisée, décimée, est rejetée loin du Ponte Vecchio ; elle aurait été à maie partie si, de notre côté aussi, n’eussent continué d’arriver des fractions des 3e et 4e corps qui ranimaient le combat. Ce n’était pas, comme à Magenta, une vague de fond irrésistible qui s’avance sans reculer un instant, c’étaient deux vagues furieuses, à l’écume ensanglantée, qui, tour à tour, s’avancent et reculent. L’acharnement des Autrichiens ne se lassait pas. Canrobert le brise enfin par une charge à la baïonnette ; Trochu l’achève en survenant avec une partie de sa division ; nous