12 au 16 juin). Le même scénario se déroulait partout, car il avait été arrangé d’avance à Turin. Les princes s’en vont ; un gouvernement provisoire préparé dans l’ombre les remplace, proclame l’annexion au Piémont ; Victor-Emmanuel ne l’accepte pas, mais envoie un commissaire exercer en son nom la dictature pendant la guerre : à Modène, Farini ; à Bologne, Massimo d’Azeglio. En Allemagne, la mobilisation de trois nouveaux corps d’armée, décidée le 8 juin, était officielle depuis le 15.
De Brescia l’Empereur s’établit à Montechiaro après avoir franchi la Chiese. Les soucis politiques cheminent avec lui.
Les troupes du Pape n’avaient pas osé affronter Bologne, mais elles avaient réduit Pérouse (20 juin). Les dures exigences du combat auxquelles elles n’avaient pu se soustraire, grossies, dénaturées, étaient présentées comme des cruautés atroces et sans exemple. En même temps, des volontaires réunis en Toscane sous Mezzacapo se dirigeaient vers la Cattolica et faisaient mine de reprendre Pérouse. Une députation bolonaise arrivait au camp offrir la dictature à Victor-Emmanuel. L’Empereur la reçut sévèrement : « Si les Bolonais, dit-il, avaient pris les armes contre les Autrichiens, le cas eût été autre ; mais vous avez pris les armes contre qui ? contre le Pape. Je ne suis pas venu en Italie pour priver le Pape de ses possessions. » — Il ne consentit pas à l’établissement de la dictature du Roi, ni à quoi que ce fût qui ressemblât à une solution de la question territoriale réservée à la paix ; il ne permit que l’envoi d’un commissaire pour garantir la tranquillité et organiser les forces militaires. Il exigea en outre la promesse de ne tenter ou favoriser aucune entreprise contre les Marches ou l’Ombrie. Cavour, l’organisateur de tous ces mouvemens spontanés, s’y engagea.
Simultanément l’Impératrice annonçait que l’armée prussienne se concentrait à Coblentz et à Cologne, que les forces restées en France ne suffiraient pas à repousser l’invasion ; dans les termes les plus pressans, elle suppliait l’Empereur de conclure la paix ou de renvoyer une portion de l’armée.
Le jour de l’arrivée de cette lettre (23 juin), Victor-Emmanuel avait invité l’Empereur à déjeuner. Ils allèrent d’abord visiter les positions et galopèrent de droite et de gauche ; au moment de rentrer, l’Empereur congédia sa suite et pria le Roi de monter seul avec lui sur une petite colline d’où l’on pourrait mieux embrasser le pays. Quelques pas faits, il arrêta son cheval, Victor-Emmanuel