Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 153.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

décide de les reprendre, de repasser sur la rive droite du Mincio (23 juin). Ainsi toujours ordres, contre-ordres.

Le 24, les corps autrichiens établis de nouveau sur la rive droite du Mincio devaient s’ébranler à neuf heures, après le repas du matin, pour réoccuper la ligne Lonato-Castiglione-Carpenedolo.


II

Les perplexités de Napoléon III égalaient celles des Autrichiens. Le contact avec l’ennemi perdu après Melegnano, il ne restait évidemment qu’à marcher vers le Mincio à tout hasard, soit par les routes du Nord, soit par celles du Sud. Comme c’était en manœuvrant par sa gauche et en débordant la droite autrichienne qu’il avait réussi à surprendre le passage du Tessin et à forcer Magenta, il résolut de continuer à opérer par le Nord ; il s’assurait ainsi la facilité de surveiller les débouchés des Alpes, de profiter d’un chemin de fer, de demeurer en communication avec les grands centres du Nord de la Lombardie.

Urban, rappelé après Magenta, avait laissé le champ libre à Garibaldi, qui prit avec des hâbleries triomphantes ce que l’Autrichien lui abandonnait ; mais cet apparent succès ne servait de rien à l’armée, car Garibaldi ne se conformait pas aux ordres de l’état-major et n’envoyait aucune information. On lui expédia le vigoureux Cialdini : tous les deux essayeraient de déboucher vers le haut Adige. Le 5e corps, dont la présence en Toscane devenait inutile depuis que les Autrichiens avaient évacué les Légations, fut rappelé : il inquiéterait l’ennemi à sa gauche, vers Mantoue.

On alla ainsi devant soi, serrés les uns contre les autres, en ordre de bataille, prêts à se soutenir, mais aussi se gênant, s’affamant, quoique le pays fût riche ; s’arrêtant à tout instant pour attendre les vivres et laisser s’écouler les longs et interminables convois ; parcourant un peu moins de neuf kilomètres par jour, alors que, dans la même saison et sous la même chaleur, Bonaparte en faisait vingt-cinq.

À Brescia on séjourna trois jours (18, 19, 20). On y reçut d’importantes nouvelles de l’Italie centrale et de L’Allemagne. L’évacuation des Autrichiens avait été suivie de la révolution à Modène, Parme, Bologne, Ravenne, Forli, Aucune, Pérouse (du