d’immenses résultats. La route de Volta était encombrée de blessés, de bagages, d’équipages, le tout se précipitant dans un inexprimable désordre ; avec quelque célérité, on les eût devancés au pont de Valeggio. On ne pouvait, il est vrai, demander quoi que ce fût aux troupes de Baraguay d’Hilliers, de Mac-Mahon, de la Garde, exténuées, et Mac-Mahon était dans le vrai, alors qu’aux interrogations de l’Empereur, il répondait que l’infanterie n’avait pas mangé depuis le matin ; que la plupart des sacs avaient été déposés à terre au moment des différentes attaques ; et que ses soldats seraient incapables de soutenir les trois divisions de cavalerie si on les lançait après l’ennemi. Mais le corps de Canrobert, dont la plus grande partie n’avait pas été engagée, aurait été un soutien plus que suffisant de la poursuite.
Il serait injuste de prononcer que l’Empereur ne sut pas tirer parti de sa victoire ; il ne le voulut pas. L’acharnement de la poursuite suppose une haine vigoureuse et le désir d’anéantir l’adversaire vaincu. Or l’aversion toute politique du défenseur des nationalités contre la nation de la conquête n’était pas une haine vigoureuse, et loin de songer à anéantir les Autrichiens, l’Empereur avait déjà dans son esprit de traiter la paix avec eux. Entré dans la maison de Cavriana que lui abandonnait François-Joseph, il s’assit devant une table, triste, fatigué, la tête appuyée sur ses mains. Il resta quelque temps ainsi, pensif au milieu de son état-major immobile et muet, puis il se leva et dit : « La journée est terminée. »
Les alliés avaient 2 313 tués, 12 102 blessés et 2 776 disparus. Les Autrichiens, 2 886 tués, 10 634 blessés et 9 990 disparus. Le contingent des Piémontais, cette fois, était considérable et attestait leur bravoure : 691 tués, 3 572 blessés, 1 258 disparus. Au total, dans les deux armées, tant tués, blessés que disparus : 39 501, sur 246 000 combattants[1].
Niel fut fait maréchal de France. Si le nouveau maréchal eût demandé à être créé duc de Solferino, Napoléon III aurait pu lui répondre ce que dit son oncle à Soult sollicitant le titre de duc d’Austerlitz : « Ah ! Monsieur le Maréchal, laissez-moi au moins celle-là. »
La poursuite des Autrichiens, dont les effets eussent été
- ↑ Les chiffres fies effectifs varient de quelques milliers dans les diverses relations. J’ai pris la moyenne.