Enfin il fut convenu que Garibaldi, fait général de brigade piémontais et dépouillé pour la circonstance de sa chemise rouge, irait avec ses volontaires vers Varese inquiéter la droite autrichienne et provoquer un mouvement en Lombardie.
Ce premier plan de l’Empereur était celui de son oncle en 1796 : appuyé sur Alexandrie, forcer le Pô à Plaisance, prendre le Tessin à revers, et par là assaillir les Autrichiens en Lombardie.
Pendant que notre armée achevait de se constituer et que l’Empereur préparait l’exécution de son plan, le général autrichien se fortifiait dans le carré de Mortara. — Vercelli, Valenza, Pavie, San Martino étaient les quatre angles du carré : son front était formé par la Sesia et le Pô, de Vercelli à Valenza; son flanc droit couvert par le Pô, de Vercelli à Novare ; son flanc gauche, de Valenza à Pavie; sur les derrières, le Tessin, de San Martino à Pavie; au centre, Mortara, relié par six bonnes routes aux angles et aux côtés. Position formidable, dont on pouvait sortir avec avantage de tous les points, pour l’offensive ou la défensive. Il s’agissait seulement d’adopter l’une ou l’autre stratégie et de ne pas rester flottant entre les deux.
Giülay ne commit pas tout d’abord cette erreur ; avec une perspicacité dont on ne l’a pas assez loué, il pénétra le dessein de l’Empereur de déboucher par Plaisance et disposa ses troupes pour le déjouer. Il abandonne Vercelli, reporte la majeure partie de ses forces vers la gauche, ramène sa droite à Bobbio, ne laissant que des avant-postes à Palestro, pousse une division à Stradella, fait commencer à Stella, en face du confluent du Tessin, une immense tête de pont, et lui-même transporte son quartier général de Mortara à Galasco (19 mai).
L’apparition de quelques fractions de la division d’Autemarre du 5e corps, à Bobbio, le confirme dans ses suppositions; il interprète l’envoi de Garibaldi vers Varese comme une feinte destinée à le tromper. Cependant il juge utile de vérifier ses conjectures par une reconnaissance offensive qui obligera les troupes alliées à se démasquer. La division Forey était établie à Voghera, ses avant-postes sur la rivière Fossagazzo, couverte par la brigade de cavalerie De Sonnaz. Giülay lance sur cette division trois colonnes