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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 153.djvu/374

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leçons n’en sont pas froissés. Tout le monde parle de lui comme si, au gymnase et à l’école moyenne, il avait subi un surmenage terrible et, certes, tel n’est pas le cas. Pendant la plus grande partie de son temps de collège, il a joui de deux demi-congés par semaine, sans compter le dimanche. Le programme était chargé, j’en conviens, eu égard surtout au petit nombre d’années qu’on avait pour le parcourir. Mais, chaque classe étant peu peuplée, l’élève pouvait recevoir du maître le maximum d’attention et, comme externe, avoir chez lui l’aide de son père ou d’un répétiteur.

Le stage universitaire, mal commencé, se prolonge démesurément. Les étudians de science comme les futurs médecins n’atteignent le terme qu’au bout de cinq ou six ans ; encore ces derniers, auxquels on demande, il est vrai, un supplément de connaissances latines et grecques, dont l’utilité paraît contestable, passent-ils souvent la frontière pour trouver en Allemagne un diplôme plus facile à conquérir. Les étudians en droit s’attardent moins longtemps. Il leur faut cependant près de quatre années pour arriver à un doctorat qui correspond à notre licence, sauf qu’il exige la présentation d’une thèse assez considérable.

À l’École polytechnique de Delft, qui renferme environ 600 étudians, on reste cinq, six et sept ans ; on pourrait tout achever en quatre ans, mais cela ne se voit jamais. La première période ne compte guère. Le directeur m’avoue qu’au bout de deux ans, il est loin de connaître la totalité de ceux qui composent une promotion. Les jeunes gens logent où ils veulent ; aucun contrôle ne s’exerce sur eux ; on ne s’assure même pas de leur présence dans la ville. « Avec ce système, me dit-il, il s’en perd bien quelques-uns, mais les autres se forment plus solidement. Vous savez ! l’oiseau en cage !… » et son sentiment se précise par un geste significatif qui le dispense d’en dire plus long. Je serais bien tenté de retourner le raisonnement et de croire qu’un tel système favorise l’élite au détriment de la masse. L’étudiant dont je parlais tout à l’heure, auquel son père impose de faire son droit et qui veut s’adonner aux sciences naturelles, celui-là trouve son compte à un régime de complète liberté. Mais c’est parce qu’il a « son idée » et qu’il est résolu à s’y tenir. La vocation des autres n’est pas aussi déterminée ou plutôt aussi résistante. Ils ont beau avoir de l’énergie, de la volonté, l’exemple des camarades et les indulgences de l’opinion agissent sur eux. Ces qualités viriles dont nous avons