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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 153.djvu/375

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l’éducation en hollande.

noté l’éclosion et le développement chez l’écolier et chez le collégien, ils les retrouveront plus tard ; pour le moment, elles subissent une éclipse.

On s’en aperçoit non seulement à la disproportion qui existe dans l’université entre le temps dépensé et les résultats atteints, mais, ce qui est plus grave, à l’action insuffisante que l’université exerce dans l’État. Cette action est le fait de la jeunesse, non de la science. L’influence sociale et politique d’une université ne dépend pas tant du nombre et du mérite des savans qui y enseignent que du nombre et de l’entrain juvénile des étudians qui les entourent. Les universités hollandaises ne jouent pas, dans le pays, le rôle qu’elles devraient jouer de par leur ancienneté et leur importance actuelle. Assurément, je ne donnerais pas volontiers en exemple aux étudians de Leyde ou d’Utrecht leurs camarades belges qui, trop souvent, les jours de batailles électorales, descendent dans la rue. D’un séjour antérieur à Louvain, il m’est resté l’impression que les universités « de combat, » celles qui se laissent dominer par une église ou par un groupe politique, manquent à la mission fondamentale de l’enseignement supérieur, qui est une mission d’apaisement et d’union.

Mais, dans cet ordre d’idées précisément, les Anglo-Saxons ont eu une initiative féconde. De chez eux est parti ce grand mouvement appelé University Extension, par lequel des liens durables ont été établis entre la jeunesse studieuse et les masses ouvrières et qui constitue l’une des plus belles œuvres de paix sociale dont le temps présent puisse s’enorgueillir. Les cités hollandaises ne comportent point, fort heureusement, la fondation de settlements tels que Toynbee Hall à Londres ou Hull House à Chicago, sortes de postes de secours dressés au centre de la misère, et dans lesquels on a accumulé tous les raffinemens d’une charité habile autant que généreuse. Il n’y a rien, même à Amsterdam, qui rappelle de près ou de loin les horreurs de Whitechapel. La question ouvrière s’y pose pourtant comme ailleurs et les étudians n’ont pas l’air de s’en douter. « Ils ne sont pas socialistes, » me dit-on en manière d’excuse. L’University Extension n’a pas été fondée et n’est pas soutenue par des socialistes ; tout au contraire, ses créateurs et ses partisans cherchent à rendre acceptable ce qui est et non à le détruire. Des instituts pour les ouvriers ont, d’ailleurs, pris naissance sur plusieurs points du sol néerlandais. Il y en a un à Leyde qui est fort intéressant et qui prospère. C’est