n’aurait rien à dire et rejetterait toute la responsabilité sur ceux qui auraient forcé l’Empereur à recourir à ces moyens désespérés[1]. »
Malheureusement la Russie, incapable alors d’une action guerrière, n’avait à notre service que des conseils à la Prusse, de plus en plus inécoutés, et des informations qu’elle ne nous ménageait pas. Gortchakof écrivait à Paris à Kisselef 523 juin) : « L’attitude expectante de la Prusse ne tient qu’à un fil. La majorité du Conseil, le Prince régent en tête, penche pour une solution belliqueuse… Au nom de notre Auguste Maître, je dois donc vous engagera prier très instamment M. le comte Walewski de demander à l’Empereur des Français si Sa Majesté croit le moment opportun pour des pourparlers pacifiques. Du reste, quelles que soient les déterminations de l’Empereur des Français, notre Auguste Maître, fidèle à l’entente intime, ne fera aucune démarche à moins qu’elle n’ait le consentement de l’Empereur Napoléon. » — « Ne vous fiez pas, faisait dire Gortchakof à l’Empereur lui-même, aux déclarations rassurantes de la Prusse : elle sera entraînée jusqu’au bout comme elle n’a cessé de l’être depuis le commencement ; son intention est de porter une armée sur le Rhin et une autre sur le Mein. Si vous voulez éviter la terrible extrémité d’une guerre avec l’Allemagne, qui embraserait bientôt l’Europe entière, hâtez-vous de négocier[2]. » Le Tsar envoya un de ses aides de camp, Schouvalof, porteur d’une lettre autographe dans laquelle il insistait sur ces informations et ces conseils[3].
Palmerston, pourtant, semblait insoucieux des dispositions de la Prusse. En transmettant ses appréciations optimistes, constamment contredites par tous les autres rapports, Persigny ajoutait : « Cette opinion n’est point partagée ici par le parti allemand ; à l’air satisfait et affairé des membres des légations allemandes et autrichiennes et de tous les personnages politiques connus par leur partialité pour l’Autriche, il est évident, comme rien dans les mouvemens militaires n’autorise tant de satisfaction, qu’elle ne peut et ne doit provenir que de l’espérance d’être bientôt soutenue par l’Allemagne[4]. »
C’est donc une vérité historique, aujourd’hui hors de toute