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sous forme liquide ; versés dans le sang, ils sont éliminés à cet état par les émonctoires naturels. Mais il n’est pas rare que la désintégration fournisse des déchets solides. Ce sont alors les phagocytes qui les font disparaître. Ainsi en est-il pour les globules rouges du sang qui, après avoir fourni une carrière plus ou moins longue, viennent se déposer dans la rate et s’y fragmenter en débris dont quelques parties sont insolubles dans les liquides interstitiels. Les leucocytes se pressent autour de ces résidus ; cette pression a souvent pour résultat de les fusionner en une masse commune, sorte de plasmodie ou de cellule géante qui digère ces débris. D’autres fois, et plus rarement, les leucocytes isolés ne réussiraient pas à absorber les matériaux incorporés ; ils les conduisent alors jusqu’à la surface de l’intestin où ils les déchargent. Le même phénomène se produit pour le foie. La matière colorante du sang y donne lieu fréquemment à des dépôts ferrugineux insolubles que les leucocytes sont chargés de convoyer jusqu’au tube digestif. Il en est encore ainsi lorsqu’une blessure amène un épanchement de sang et une mortification des globules rouges ou des élémens anatomiques du voisinage ; tout ce qui, parmi ces déchets, ne peut prendre la forme liquide et passer à cet état dans les voies circulatoires, est incorporé aux phagocytes. Ainsi disparaissent les foyers hémorragiques.

Le mécanisme de la résorption des os ne paraît pas différent. Les médecins ont observé souvent des cas de ce genre. On voit, parfois, chez les hydrocéphales, se résorber presque complètement la table interne de la voûte crânienne. Et sur toute la surface ainsi attaquée, pullulent ces cellules géantes, résultat de la coalescence des leucocytes, qui désagrègent, corrodent et finalement détruisent la matière osseuse. La même chose arrive, si, comme l’a fait Kölliker, on introduit une cheville d’ivoire dans la cavité de la moelle d’un os normal. Elle est attaquée, corrodée et résorbée de même.


Les phagocytes remplissent le rôle analogue dans une autre circonstance qui se présente très généralement chez les animaux très divers qui subissent des métamorphoses. Des organes sont supprimés dans le cours du développement. C’est ce qui arrive chez les insectes qui passent de l’état de larve à l’état de nymphe et de là à celui d’insecte parfait. De même chez les batraciens, la queue du têtard se résorbe lorsque l’animal prend la forme définitive