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de grenouille. Les élémens de ces tissus se mortifient en s’infiltrant de graisse, et ces débris graisseux sont enlevés par les phagocytes qui font place nette. Tel est le mécanisme habituel par lequel disparaissent les organes larvaires chez les insectes où Weissmann découvrit ce phénomène, en 1864. La phagocytose embryonnaire dissout, dès le début de la transformation en nymphe, les muscles, les glandes salivaires et tous les organes qui doivent être remplacés.


Mais c’est surtout dans les maladies infectieuses que M. Metchnikoff s’est attaché à mettre en lumière le rôle protecteur des phagocytes leucocytaires. Il a montré que les globules blancs affluaient à la rencontre des bactéridies charbonneuses introduites par quelque plaie, les absorbaient et les mettaient dans l’impossibilité de nuire. Dans les organes lymphoïdes, rate, ganglions lymphatiques, moelle des os, les globules blancs sont accumulés normalement : c’est là aussi que la lutte s’engage plus vive entre les bactéridies du charbon qui ont pullulé dans le sang et les agens défenseurs de l’organisme. La même chose se produit pour les spirilles du typhus récidivé et pour le microbe de l’érysipèle.

Les leucocytes sont susceptibles de s’adapter à des conditions différentes de celles au milieu desquelles ils vivent habituellement, à la condition, toutefois, que le changement ne soit pas trop brusque. L’observation faite sur les amibes est caractéristique à cet égard, et toutes les raisons d’analogie autorisent à l’étendre aux phagocytes. Les amibes d’eau douce transportées brusquement dans de l’eau modérément salée, contenant 1 pour 100 de chlorure de sodium, se contractent en boule et meurent rapidement, tandis qu’en procédant progressivement et avec des précautions, on peut les amener à supporter sans dommage une salure quatre fois plus forte.

De même, il peut arriver qu’un poison sécrété par un microbe paralyse le leucocyte et le tue, si l’on n’a pas eu soin, par des inoculations de virus, d’abord atténuées et ensuite de plus en plus virulentes, de créer une accoutumance pour ce phagocyte, de le rendre résistant au poison et capable d’avaler, sans en souffrir, la bactérie toxique. On a voulu expliquer, par une permanence de l’accoutumance ainsi créée, la vaccination et l’immunité qui en résulte. Mais il est clair qu’il ne s’agit ici que d’une explication