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qui voulait que les enfans de la bourgeoisie française se fissent paysans, ne fût-ce que pour un temps.

Et combien cette profonde pensée du fameux tribun trouve peu d’écho, aujourd’hui encore, dans la conscience des peuples mêmes des plus civilisés ! Un savant allemand, Carl Lange, qui s’est occupé à rassembler des données concernant le développement intellectuel des écoliers dans les villes de son pays, a pu se convaincre que sur 500 enfans à l’âge de 6 ans, 82 pour 100 n’avaient aucune notion du lever du soleil, 77 pour 100 ne savaient ce qu’est le coucher de cet astre, 32 pour 100 n’avaient jamais vu un champ de blé, 37 pour 100 ne connaissaient la forêt que par ouï-dire, et 57 pour 100 n’avaient jamais été dans un village ! Une enquête faite dans les classes inférieures des écoles de Saint-Pétersbourg a fourni des données statistiques analogues.


IV

La nature est mère de l’hygiène ; elle préserve la santé. Elle guérit aussi les maladies. La médication par les agens naturels est un champ vaste et fertile, cultivé avec un égal succès, peut-être, par les médecins savans et par de bénévoles guérisseurs.

Ces richesses curatives de la nature ont été exploitées par la fameuse « médecine naturelle » et ses modernes représentans, les « médecins naturels » (Naturärzte). Les succès de ces guérisseurs, ignorans pour la plupart, et qui ont rapidement fait école en Europe, en Allemagne et en Autriche surtout, démontrent une fois de plus la puissance des forces médicatrices de la nature.

Ce système de cure particulier qui a fait une rapide fortune consiste dans l’application des agens naturels, et de l’eau en tout premier lieu. Il bannit rigoureusement les drogues pharmaceutiques et les secours du médecin. Instauré par des profanes, ce système reconnaît pour fondateurs un paysan de Silésie, Priesnitz (mort en 1851), apôtre fanatique de l’hydrothérapie, et Schrott (mort en 1856), dont la méthode reposait sur l’emploi de la chaleur humide et sur un régime alimentaire particulier.

De ces guérisseurs-amateurs, le premier sans nul doute a donné une impulsion utile. Il a contribué à rétablir l’hydrothérapie dans la médecine scientifique. Notre temps a vu se multiplier le nombre de leurs adeptes.

Ces apôtres font une guerre impitoyable à la science, jettent