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extirper l’ancienne méthode, — combien inhumaine ! — du traitement des phtisiques dans les hôpitaux, du moins voyons-nous leur importance et le sentiment de leur nécessité s’affirmer de plus en plus dans la conscience de la société.

En Allemagne, en Autriche, en Angleterre, en Russie et dans tous les autres États de l’Europe, le traitement de la phtisie par l’air pur et frais commence à être considéré comme plus efficace que toute autre méthode. Et si, à la vérité, dans l’appréciation des résultats obtenus on ne saurait négliger de tenir compte des effets d’une alimentation rationnelle et de l’accoutumance, de l’aguerrissement, on n’en est pas moins forcé de reconnaître que le rôle capital dans le régime des sanatoriums est joué par l’air.

L’air pollué par les substances expirées, l’air renfermé, — en un mot, l’air vicié par des impuretés gazeuses, — représente un milieu des plus favorables pour les micro-organismes pathogènes ; il est de plus en plus avéré, par conséquent, qu’il est un foyer de maladies de toutes sortes. On sait, par exemple, que dans les locaux mal aérés, — pour ne pas parler des lieux privés de lumière, — les bacilles de la tuberculose conservent leur virulence plus longtemps que dans les conditions du libre accès de l’air.

L’air vicié est donc une source d’infection et compromet la nutrition générale du corps, tandis que l’air pur est non seulement un fortifiant, mais se trouve être un moyen désinfectant.

On comprendra, dès lors, pourquoi le phtisique, disposant dans les sanatoriums de grandes réserves d’air pur, y trouve, en dépit de conditions de climat défavorables, un allégement à son mal et même la guérison.

Le premier sanatorium fondé en Europe pour les phtisiques, celui de Gorbersdorf, a été organisé en 1859. C’était une institution privée destinée aux malades aisés. Cet établissement se trouve relégué au second plan par un autre sanatorium, populaire celui-ci, institué en Allemagne encore, dans les montagnes du Taunus, non loin de Francfort-sur-le-Mein, grâce à l’initiative du docteur Dettweiler, en 1892. On compte présentement en Allemagne près de dix sanatoriums populaires et dix-sept sanatoriums pour les classes fortunées. L’exemple de l’Allemagne a été, sans trop de hâte, il faut bien le dire, suivi par d’autres États, et des sanatoriums pour phtisiques ont été fondés un peu partout.

La Russie possède trois établissemens de ce genre : le sanatorium impérial de Halila, en Finlande, pour les classes privilégiées ;