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pas aussi bien le contraire ? ou même mieux, avec un sentiment plus juste, à notre avis, des « devoirs » et des « droits » de l’Université ? En vérité, le devoir de l’Université, c’est de « penser d’abord » non à elle, ni à ses concurrens, — qu’elle n’a le « droit » en aucun cas, de considérer ou de traiter comme des adversaires, — mais aux intérêts généraux de l’enseignement. Que nous importe, en effet, à nous autres simples citoyens, par qui l’enseignement soit donné, pourvu qu’on nous le donne, et qu’on nous le donne tel que nous le croyons utile aux intérêts de l’esprit français ? Mais ce qui nous importe beaucoup, c’est que, de l’un des plus grands objets qui puissent attirer la sollicitude des pouvoirs publics, on ne fasse pas une affaire de corps, — un plus irrévérencieux dirait peut-être de boutique ; — et que l’on prenne résolument son parti de considérer les questions d’enseignement, y compris la question particulière du baccalauréat, non plus comme des questions politiques, ni pédagogiques, mais comme des questions sociales.


II

Le premier grief de M. Pozzi contre le baccalauréat, c’est, dit-il, » que l’attribution des fonctions d’examinateurs aux professeurs de Facultés constitue pour eux un fardeau écrasant, qui dénature leurs fonctions, et qui porte un préjudice considérable à leurs recherches et à leurs travaux. » Voilà un étrange argument ! Car, comment l’obligation de faire passer les examens du baccalauréat pourrait-elle « dénaturer les fonctions » de nos professeurs, puisqu’ils sont nommés, — et en partie appointés, — précisément pour remplir cette obligation ? Ils le savent bien, quand ils briguent une chaire ! et, puisqu’ils ont eux-mêmes sollicité l’honneur de porter le fardeau que l’on trouve pour eux « écrasant, » seraient-ils bien venus à demander qu’on les en décharge ? J’en connais plus d’un, en province, qui serait très fâché qu’on le lui enlevât, ce fardeau ! Et si le baccalauréat était ce qu’il devrait être, — je veux dire un examen régulateur du niveau moyen de l’enseignement secondaire, — à qui pensera-t-on qu’il appartînt de le faire passer ? Ce ne saurait être à ceux dont il aurait en partie pour objet de contrôler l’enseignement. Que nos professeurs de Facultés s’y résignent donc une bonne fois. Nous ne sommes pas au monde pour nous y amuser, ni même pour nous