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d’une autre manière, que nous croyons plus large et surtout plus conforme aux intérêts de l’enseignement public. En particulier, et depuis que notre enseignement secondaire est soumis au régime du baccalauréat, nous croyons qu’il n’est pas un père de famille qui ne puisse avoir ses idées sur la réforme ou l’organisation du baccalauréat, pas un militaire, pas un marin, pas un industriel, pas un commerçant, pas un agriculteur. Nous croyons que, dans un Conseil de l’Instruction publique, leur expérience à tous a le droit d’être représentée. Ils ont leur mot dire dans toutes ces questions que depuis tantôt vingt ans nous avons pris l’habitude, commode, mais funeste, nous autres universitaires, de traiter entre nous. Nous croyons que nous nous nuisons à nous-mêmes, — et à nos intérêts professionnels, libéralement, largement entendus, — en délibérant à huis clos, loin des bruits du dehors, sur de grandes questions dont nous ne voyons, en général, qu’un seul aspect, et souvent le plus étroit. Un Conseil supérieur autrement composé, moins plein de lui-même, c’est le cas de le dire, dans tous les sens du mot, eût-il jamais admis qu’on se servît de la réduction du service militaire comme d’une prime au recrutement des Universités, et qu’un diplôme ne fût qu’un titre pour se soustraire à la première des obligations du citoyen ? Et, puisque enfin le grand reproche que M. Pozzi lui-même et M. Combes fassent au baccalauréat, c’est de « renfermer tant de fermens de déceptions et de haines sociales, » nous croyons qu’il ne saurait être utilement et définitivement réformé que par une assemblée qui, pour traiter une question sociale, commencerait, et avant tout, par être elle-même une représentation de toutes les forces sociales. Vous ne me direz pas, je l’espère, qu’à défaut du Conseil supérieur de l’Instruction publique, le Parlement soit cette assemblée !


FERDINAND BRUNETIERE.