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l’état atténué et inactif, la plupart des micro-organismes pathogènes. Pour que l’état infectieux soit créé, il faut que ces organismes soient exaltés dans leur virulence, et qu’ils deviennent capables de pénétrer par effraction dans l’épaisseur de la paroi. L’explication de l’appendicite réside dans la détermination des circonstances qui exaltent cette activité toxique et permettent cette pénétration.

On avait pensé que la présence de corps étrangers dans la cavité appendiculaire réalisait cette circonstance favorable. C’est ce que M. Talamon a essayé de montrer dès assez longtemps, en 1882. La théorie mise en avant par ce médecin distingué consiste à supposer que le corps étranger, oblitérant l’orifice supérieur du canal appendiculaire, en amène la distension par l’effet de la sécrétion qui s’amasse en amont de l’obstacle. C’est à cette distension que l’on attribue la douleur sourde ou violente, suivant les cas, qui se produit dans le flanc droit et qui est à peu près le seul signe local de la maladie. D’autre part, la distension gène la circulation du sang dans les parois. Une gêne analogue résulte encore de la compression exercée par le corps étranger lui-même, pressant comme un bouchon le goulot de l’appendice. La diminution de circulation entraîne la diminution de vitalité, et celle-ci rend les élémens anatomiques impuissans contre l’agression des microbes.

Une autre théorie, qui ne diffère d’ailleurs de celle-ci que par des détails secondaires, a été mise en avant par M. Dieulafoy et soutenue par le brillant professeur avec une éloquence et une ardeur remarquables. C’est la théorie de la cavité close. Comme tout à l’heure, on fait intervenir le corps étranger, le calcul appendiculaire ; il bouche le canal et produit l’accumulation de la sécrétion muqueuse en amont. Les microbes emprisonnés dans ce vase clos deviennent nocifs, d’indifférens qu’ils étaient tout u l’heure : ils deviennent capables de traverser le barrage formé par le revêtement muqueux, de se répandre dans les tissus sous-jacens, et jusqu’à la séreuse péritonéale et d’y diffuser l’infection. Les expériences directes justifient cette assertion. MM. Roger, Josué, Gervais de Rouville, en introduisant des cultures microbiennes dans des cavités appendiculaires fermées par une ligature, ont réalisé de véritables appendicites infectieuses chez les animaux. Qu’on exprime ce résultat en disant que la virulence du microbe s’exalte, comme M. Dieulafoy, ou en disant, comme M. Talamon, que la résistance des tissus s’abaisse, la différence n’est pas très sensible. La seule divergence notable porte sur l’origine de ces corps étrangers, calculs autochtones, selon le professeur de la Faculté,