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simples concrétions intestinales venues du cæcum, selon le fondateur de la doctrine.

Le facteur essentiel de l’infection, c’est donc le microbe, dont on renforce la virulence ou auquel on oppose des adversaires plus affaiblis. On connaît cet agent ; c’est le coli-bacille. La médecine, qui le désigne ici comme l’artisan secret de la-péritonite, a bien d’autres occasions de le rencontrer dans les nombreuses infections d’origine intestinale. Mais il n’est pas seul en cause. Bien d’autres microbes, qui végètent inoffensifs et atténués dans leur virulence, et comme désarmés, à la surface de l’intestin, voient se réveiller leur activité pathogène en même temps que le coli-bacille. Tels les streptocoques, les staphylocoques, le pneumocoque. Ils prospèrent et pullulent comme lui et mêlent leur malfaisance particulière à la sienne. L’infection se complique : les manifestations générales prennent un aspect plus complexe. La fièvre, la haute température du corps, la petitesse et la fréquence du pouls, la sécheresse de la langue, les vomissemens alimentaires, puis bilieux, rabattement, le faciès grippé, forment comme toujours le fond du tableau symptomatique. Mais sur ce thème invariable des variations s’ajoutent comme une lugubre broderie sur le canevas commun, signalant l’entrée en scène du reste de la bande.

Si l’abattement est plus rapide et plus profond, si le pus qui baigne l’organe est plus fétide, s’il y a tendance de la paroi à la gangrène, c’est, comme l’ont montré MM. Veillon et Zuber, la marque des microbes anaérobies. Et de même, il peut arriver que les agens pathogènes d’autres affections qui ont assailli l’organisme, tel que le bacille de la tuberculose, se joignent à la troupe des agresseurs ou, souvent, qu’ils la précèdent et lui ouvrent la porte.

Ainsi s’expliquent les appendicites qui surviennent au cours de la fièvre typhoïde, de la dysenterie, ou même, comme l’ont vu MM. Reclus et Beaussenat, à la suite d’une inflammation accidentelle du gros intestin. Mais, le plus souvent, dans les cas ordinaires, le coli-bacille domine les manifestations de ses co-associés. Il n’est pas rare qu’il les étouffe eux-mêmes et qu’on le retrouve subsistant seul ou à peu près seul dans les humeurs et les tissus malades.


V

C’est la variété de ces agens secondaires d’infection, dominés par l’agent principal, qui donne à l’appendicite sa diversité d’aspects sous un type commun. Quels sont ces aspects ? Par quels symptômes se