nous a passé sous les yeux : Les Monumens de l’Egypte pharaonique (1892) ; La Grèce primitive d’après les plus récentes découvertes ; La Civilisation étrusque ; Les grands Monumens de Rome sous l’Empire (1893) ; La Civilisation et l’art de la Perse ancienne ; Les Monumens de l’Acropole d’Athènes (1894). Nous aurions mauvaise grâce à chercher querelle au jury, car la pensée à laquelle il a obéi est aussi la nôtre ; nous devons pourtant faire observer que, les années suivantes, on n’a plus vu reparaître de questions du genre de celles que nous venons de citer. Ces questions gardent donc un caractère exceptionnel. Les candidats sont certains d’avoir à prouver qu’ils savent à fond l’histoire politique, militaire et diplomatique ; mais ils peuvent toujours espérer ne point être interrogés sur l’histoire de l’art. Sollicités comme ils le sont par tant de connaissances à acquérir, ils aimeront mieux courir la chance d’une épreuve insuffisante que d’entreprendre une étude à laquelle rien jusqu’alors ne les avait acheminés et préparés.
Sous le régime actuel, l’histoire de l’art ne joue donc qu’un rôle très secondaire dans le concours qui est le régulateur des études historiques ; ce n’est pas ainsi, par la seule menace d’un accident d’examen, que l’on persuadera aux futurs professeurs d’histoire qu’ils doivent faire entrer en ligne de compte les créations de l’art, pour définir et apprécier l’œuvre des grands peuples et des grands siècles du passé. Si l’on est enfin convaincu de cette vérité, il faut se résoudre à prendre des mesures dont l’effet soit plus général et plus assuré. Il conviendrait d’abord d’introduire une épreuve qui portât sur l’histoire de l’art dans tous les examens : licence, diplôme d’études supérieures, agrégation, qui donnent accès aux chaires d’histoire. Il importerait que, devant les Facultés comme devant le jury d’État, cette épreuve eût son juge propre, qui, par son autorité, en maintint l’importance et en assurât la sincérité.
Quand s’ouvrirait cette campagne, ce serait donc les professeurs d’histoire qui formeraient le gros de l’armée ; mais, à ce corps permanent et régulier, on adjoindrait avec profit des troupes auxiliaires ; on enrôlerait les volontaires qui se présenteraient avec de brillans états de services, qui se recommanderaient non par un examen subi, mais par des ouvrages publiés et souvent par toute une vie consacrée à l’étude de l’art. Sans doute on peut être un fin connaisseur et n’avoir pas le don d’enseigner. Ce serait aux chefs d’établissement à découvrir et à essayer