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l’occasion d’une œuvre de paix pour laquelle tous les bons vouloirs semblaient devoir être associés, l’Italie a jugé nécessaire de rappeler l’existence d’une question romaine. Ce n’est point ici notre dessein ni notre rôle d’entrer dans l’étude de cette question ; elle est pour nous un spectacle que nous n’attendions pas, bien loin de le chercher, et que M. l’amiral Canevaro nous a volontairement offert. Mais, en même temps qu’il nous l’offrait, il en modifiait les perspectives et il en renouvelait l’aspect. La Consulta, naguère, invitait Pie IX et Léon XIII à concentrer leurs regards sur les grandes questions morales qui intéressent l’humanité, et l’on voyait parfois des publicistes comme R. Bonghi tracer à la souveraineté spirituelle du pape un superbe programme d’action universelle. En 1899, pour la première fois depuis l’occupation de Rome, l’humanité rassemblée s’est mise en face de l’une de ces grandes questions ; elle a fait appel à la souveraineté spirituelle du Pape ; l’un des articles du programme semblait en passe de se réaliser... Et, sur ces entrefaites, un veto est intervenu, celui de la Consulta elle-même : les représentans des rois et des peuples, réunis à La Haye, ont constaté qu’en dépit des communs désirs de Léon XIII et de la chrétienté, l’activité internationale du, Saint-Siège était comme frappée de paralysie. Et, tandis que l’Italie enregistrait un succès, le Saint-Siège et les peuples enregistraient une expérience.


GEORGES GOYAU.