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hauts fourneaux se construisent en Lorraine et dans le Luxembourg (qui fait partie du Zollverein, c’est-à-dire de l’union douanière allemande) ; des aciéries nouvelles consommeront les fontes luxembourgeoises. Mais les mines n’arrivent pas à livrer ce qu’on leur demande : celles du Siegerland, qui vendent la moitié de leur extraction à la Westphalie et au pays rhénan, sont très en retard. Les produits demi-fabriques manquent ; les tréfileries se plaignent de ne pas recevoir, dans certains cas, la moitié des billettes qui leur seraient nécessaires.

Les fabricans de fer ont fait des contrats jusqu’en juillet 1900, avec la clause de hausse, c’est-à-dire que, si le prix du minerai ou du coke se déplace, celui du fer sera augmenté en proportion. Les fers ont monté, selon les cas, de 30 à 50 pour 100 ; et, chose digne de remarque, le prix des fers marchands, qui ne sont pas syndiqués, a monté plus que ceux de la fonte, du charbon et du coke, réglés par des syndicats. Ces derniers semblent préoccupés d’empêcher une hausse trop rapide et de servir la clientèle à des prix qui ne la découragent pas et permettent de maintenir la consommation. Aussi l’opinion prévaut-elle que les syndicats pour le fer brut et les produits demi-fabriques, qui expirent en 1900, seront renouvelés. Celui du charbon a encore six ans de durée, jusqu’en 1905.

Quant à l’avenir, les plus pessimistes sont rassurés pour cette année et même pour la suivante, surtout en ce qui concerne les charbons, qui ont monté plus lentement que les fers et offriront plus de résistance à la baisse. Du reste, l’effet de la hausse n’est pas encore aussi sensible qu’on pourrait le croire : maintes livraisons se font, en vertu d’anciens contrats, à des prix bien inférieurs à la cote du moment. Les prix de revient se sont singulièrement élevés : les fabricans payent leur minerai, leur coke et leur charbon beaucoup plus cher qu’auparavant, et encore se plaignent-ils d’en recevoir de qualité inférieure. Les salaires sont plus forts : ainsi la société Gelsenkirchen calcule que la dépense de ce chef, par tonne de charbon, a passé de 4 fr. 10 en 1894 à 4 fr. 85 en 1898. D’autre part, des progrès techniques ont été réalisés, qui abaissent le prix de revient. Les prix de vente vont s’élever dans le second semestre de l’année courante ; à partir de 1900, la Lorraine et le Luxembourg paieront leur coke 17 fr. 10 et non plus 16 fr. 25, prix réduit consenti pour l’étranger. Cette bonification de sortie va en même temps disparaître. Ce serait