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d’ailleurs une erreur que de croire que les prix des combustibles sont destinés à hausser indéfiniment. On a remarqué que, tous les onze ans à peu près, les charbons atteignent leur cours maximum : les mines augmentent alors leurs moyens de production, et jettent des quantités accrues sur le marché : la baisse se produit par étapes, jusqu’à ce qu’un nouveau relèvement ramène au point initial.

La France n’a suivi l’Allemagne que lentement. Nos industries métallurgiques sont prospères, grâce surtout aux commandes du gouvernement pour la guerre et la marine, à celles des chemins de fer qui, à la veille de l’Exposition, renouvellent et augmentent leur matériel, aux nombreuses constructions métalliques, à la transformation électrique de beaucoup de lignes de tramways. Certaines sociétés métallurgiques puissantes marchent dans la voie où les Américains se sont lancés si hardiment et s’occupent d’agrandir leurs installations de façon à obtenir une production maximum avec un minimum de frais généraux. Mais nous n’arrivons pas encore au sixième du chiffre des Etats-Unis. Un domaine où nous sommes entrés avec quelque hésitation d’abord, mais où nous semblons disposés à regagner le temps perdu, est celui de l’électricité ; là nous avons souvent été les pionniers, nos électriciens ont fait des découvertes qui ont été exploitées dans d’autres pays avant de l’être chez nous. Aujourd’hui l’éclairage et la traction électrique ont conquis droit de cité dans nos villes, parfois dans nos villages. De puissantes compagnies se sont formées ; des municipalités intelligentes ont tiré profit des forces naturelles qui sont à leur disposition pour doter de la lumière et des transports électriques des bourgades qui n’avaient encore connu ni gaz ni tramways à chevaux. Les amorces de nos grandes lignes de chemins de fer, qui vont pénétrer plus avant dans Paris, seront exploitées au moyen de trains électriques. Nos charbonnages profitent de l’activité générale : les demandes de combustible sont incessantes et les prix s’en élèvent, sans avoir toutefois encore atteint le niveau de ceux de 1889.

A côté de nous, un pays petit par sa surface, mais grand par l’activité de ses habitans, la Belgique, nous donne, depuis nombre d’années, le spectacle d’une merveilleuse activité industrielle et commerciale. Non seulement elle exploite avec une énergie soutenue les richesses minières de son. sol, qui commencent même à s’épuiser dans certains cas, par exemple pour les charbons à