le gagnant qui a galopé durant tout le parcours à son aise, — « par-dessus le lot, » — dont le jockey atteint le poteau « pendu » sur sa monture et peut être considéré comme ayant « 15 livres dans la main, » c’est-à-dire susceptible de porter 15 livres de plus pour être efficacement concurrencé par le second.
Le procédé ordinaire de classement du handicapeur consiste à choisir un animal qui lui sert de pivot, pour l’appréciation, en plus ou en moins, de tous les autres. Quand la liste comprend jusqu’à 140 noms, comme à l’Omnium, la besogne est assez compliquée : certains chevaux y figurent qui n’ont jamais lutté ensemble ; on les ramène à un tiers équivalent. D’autres se sont battus à tour de rôle ; il faut tenir compte de leur état au moment où ils se sont rencontrés. Tel, gros et soufflant comme un taureau, a fourni ce jour-là une piteuse carrière parce qu’il n’était pas « en condition ; » il peut être bon dans le fond, on doit prendre garde de « le lâcher dans les poids. » Quelques-uns n’ont jamais paru sur la piste ; on leur impose une bonne charge moyenne, pour ne pas encourager leurs maîtres à sortir brusquement des inconnus dans l’espérance de remporter le prix à la faveur d’un petit poids. Afin d’obtenir, dans quelque handicap, un poids favorable qui leur assurera la victoire, certains propriétaires font courir leur cheval mollement, « à la gomme » dit-on, dans une succession d’épreuves en vue de le « déclasser ; » système assez répandu en Angleterre, où l’on a plus de patience que chez nous pour attendre son jour de gain. Le handicapeur, qui s’attache toujours à suivre de l’œil pendant la course les derniers du peloton, pour savoir s’ils « courent droit, » s’ils sont « désintéressés » ou simplement mauvais, a soin, dans le premier cas, de les marquer sur ses fiches d’un signe spécial. Et si ceux-là semblent traités, dans la distribution des charges, beaucoup au-dessus de leur mérite apparent, si le propriétaire réclame contre cette injustice, il lui sera répondu, non sans ironie : « Mais vous vous trompez, cher monsieur, votre cheval est beaucoup meilleur que vous ne pensez, il court très bien quand il veut ; j’ai une bonne lorgnette, je vous la prêterai si vous voulez ; tenez... croyez-moi, mettez votre jockey à la porte. »