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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 154.djvu/828

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Pour Mme Marholm, la mission de la femme est évidemment la maternité. C’est ce qu’elle exprime en disant que son sexe « a la charge de construire les générations à venir. » Elle a des pages exquises sur le rôle de la mère vis-à-vis de ses enfans, rôle qui lui paraît bien plus d’exemple affectueux que de précepte raisonné.

« Si la mère ne se lève pas comme le soleil sur ses enfans, les réchauffant de telle sorte que chaque petit membre s’étende avec satisfaction, sous ce regard qui le réjouit, et vers ce sourire qui semble un clair rayon du matin, éveillant et attirant au dehors tout ce qui est en lui bon et robuste, joyeux et sain ; si la mère n’est pas cela, elle peut avoir beaucoup d’excellentes qualités, ainsi que son enfant, mais ce dernier ne sera jamais tout à fait apte à la vie. Il est mal dirigé, et se dirigera mal, dans les petites choses comme dans les grandes ; il demeurera insatisfait et insuffisant, brutal ou affaissé ; et quand même il aurait la force d’éliminer plus tard toutes les humeurs flegmatiques et malsaines qui sont l’héritage de son enfance, un aiguillon demeurera dans sa chair, et il gardera une sorte de maladresse foncière, parce qu’il n’a pu se rassasier à son heure de sang vigoureux et de soleil bienfaisant. »

Cette maternité, de conception si haute, Mme Marholm la veut d’ailleurs par l’amour unique et par le mariage. C’est là le côté sain de son œuvre, la teinte générale qui en excuse les hardiesses et en fait accepter les couleurs osées.

Mariage très jeune, quand cela sera possible, à la mode de nos grand’mères. Car, au point de vue sentimental, l’éveil de la femme dans l’enfant est bien plus précoce qu’on ne le croit d’ordinaire. Trop souvent, les parens laissent passer sans y prendre garde, vers la dix-septième année, cette période d’éclosion si fugitive et si brillante chez la jeune fille.

Peu après survient une dépression de tout l’être, une indifférence alanguie, que Mme Marholm décrit avec la précision la plus minutieuse, mais dont nous avons toujours pensé qu’elle exagérait la fréquence et le danger. « Les années qui suivent cette aurore des dix-sept ans, dit-elle, et qui sont à vrai dire celles où l’on se marie généralement, trouvent fréquemment la femme mal disposée physiquement, et affaissée au moral. » Et cependant, là même où Mme Marholm semble réclamer le plus énergiquement les unions précoces, elle introduit, comme malgré elle, une réserve en faveur