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L’UNITÉ ITALIENNE
ET
L’ITALIE DU SUD-EST

Naples, jadis, était la capitale économique de l’Italie du Sud ; et, des provinces les plus reculées, c’est vers Naples que s’allongeaient les grandes routes et vers Naples que circulait la vie. Mais l’unité du royaume napolitain fut défaite par l’unité italienne, avec la complicité des chemins de fer : on ne réussit pas seulement à supprimer la domination des Bourbons ; on atténua peu à peu, ou même on trancha les liens qui, rattachant entre elles les diverses régions du vieux royaume, donnaient à cette domination une sorte de raison d’être géographique ; et des liens nouveaux furent créés, tantôt par la force des choses, tantôt par une volonté factice, entre ces diverses régions et les autres provinces italiennes. Le commerce avec Naples n’est devenu, pour les districts de l’ancien État napolitain, qui confinent à la mer Adriatique, qu’un épisode de leur activité : Bologne et Milan, la Romagne et la Lombardie, ont supplanté la capitale déchue, et c’est avec l’Italie du nord que le sud-est de la péninsule communique le plus aisément. Les Napolitains, anxieux et dolens, souhaiteraient que Naples conservât en quelque mesure son hégémonie : M. le comte Giusso, l’un des hommes politiques qui connaissent le mieux les intérêts du Midi, essayait, il y a peu de temps, d’alarmer l’opinion italienne en faveur de la grande ville sacrifiée, réclamait des pouvoirs publics qu’ils offrissent au commerce napolitain, tant péninsulaire que maritime, des conditions