Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/366

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

affichaient la prétention de ramener la France aux pures traditions de l’ancien régime.


IV

Cependant, Loyson avait été nommé maître de conférences à l’École normale, aussitôt après que M. Guéneau de Mussy en eut pris la direction[1]. Profitant du passage à Paris de notre Saumurois, il recommanda Papin à MM. Guéneau de Mussy et Royer-Collard qui, d’un commun accord, en raison de son mérite, n’hésitèrent pas à lui confier la chaire de philosophie à cette école. Cet honneur inattendu jeta Papin dans une stupéfaction profonde. A la vérité, comme il en convenait lui-même, il avait à plusieurs reprises causé avec Loyson du projet de se réunir un jour dans la capitale, mais ce projet, vu dans le lointain, n’offrait alors à sa femme « que le côté qui pouvait la flatter, » et quant à lui, il était bien trop modeste pour penser jamais à une chaire de l’Ecole normale. Or, en même temps qu’il apprenait sa nomination de maître de conférences, il recevait une lettre du pays lui annonçant que « cette nouvelle avait surpris sa femme dans un état de langueur et de souffrances qui ne lui laissait point assez de forces pour soutenir un coup aussi imprévu. » Il demanda donc à M. Royer-Collard la permission de rentrer à Saumur pour la préparer à un départ qui n’était pas sans lui causer de vives inquiétudes. Mais à peine était-il arrivé chez lui, qu’il adressait la lettre suivante au président de la Commission de l’Instruction publique :


« Monsieur,

« A mon arrivée chez moi, j’ai trouvé ma femme dans l’état de trouble que m’avaient annoncé mes amis. Heureusement, ma présence et la promesse formelle que je lui ai faite de ne point contrarier son inclination, ont rendu un peu de calme à ses esprits et écarté le danger qui la menaçait.

« Si ma femme ne m’eût opposé que des objections ordinaires,

  1. L’École normale était logée alors rue des Postes, 26. Les maîtres de conférences, étaient : Villemain et Burnouf, pour les élèves de lettres de la troisième année ; Loyson et Patin, pour les élèves de seconde année ; Mablin, Viguier et Larauza pour les élèves de première année ; Cousin, pour l’histoire de la philosophie, Guigniaut pour l’histoire ; Leroy, Dulong, Pouillet et Deflers, pour les sciences physiques et mathématiques.