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et les plus avancés. Par une autre voie, il découvrait ainsi le système d’enseignement mutuel. Le docteur Bell, qui était établi comme pasteur à Swanage (Dorsetshire), entendit parler des succès de l’école lancastérienne, il écrivit à son émule pour revendiquer la priorité de son invention. Lancaster alla le voir et s’entretint avec lui des moyens de perfectionner la méthode. Au début, ne régna aucune hostilité ni entre eux, ni entre Lancaster et le clergé. L’archevêque de Cantorbéry et plusieurs autres dignitaires de l’église anglicane favorisèrent d’abord l’école de Southwark.

Mais quand le clergé sut que Lancaster n’enseignait pas le catéchisme anglican et se contentait de faire lire des passages de la sainte Écriture sans commentaire, il lui retira sa protection et chargea le docteur Bell d’organiser des écoles d’enseignement mutuel où l’on donnerait une instruction dogmatique. Quelques années après, par l’initiative des directeurs de la Société pour l’avancement de la connaissance du Christianisme, on fondait la Société nationale anglicane, qui fut l’année suivante reconnue d’utilité publique. L’archevêque de Cantorbery fut nommé président ; l’archevêque d’York, deux évêques et dix pairs du royaume, vice-présidens. De leur côté, les amis de Lancaster, MM. Fox, Corston, Allen, Sturge, en majorité whigs et dissidens, avaient formé un comité (29 juillet 1808) qui se chargea de l’administration des écoles, pour laquelle Lancaster n’avait aucune aptitude. Au bout de trois ans, ils avaient si bien géré les affaires qu’on comptait déjà quatre-vingt-quinze écoles de ce système tant à Londres qu’aux environs. Malheureusement Joseph Lancaster, par ses expériences pédagogiques et par ses dépenses inconsidérées, compromit la situation financière. Ses amis, bien qu’à regret, durent se séparer de lui et fondèrent (novembre 1813) la Société des Écoles britannique et étrangère.

Mais, tout en se séparant de l’inventeur du système d’enseignement mutuel, ils conservèrent et sa méthode et ses principes de neutralité religieuse. L’article Ier des statuts adoptés en 1817 définit ainsi le but de la société : « Une institution ayant pour objet de développer l’instruction des classes laborieuses et manufacturières de la société, à quelque confession religieuse qu’elles appartiennent, » et l’article IV stipulait que les textes de lecture seraient choisis dans l’Écriture sainte, mais qu’on n’enseignerait dans les écoles de la société ni le catéchisme, ni les dogmes d’une