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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 156.djvu/208

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dans la Sarthe, on répand 8 à 10 hectolitres tous les trois ans ; dans l’Ain, de 60 à 100 hectolitres tous les neuf ans, dans le Calvados de 30 à 40 hectolitres tous les quatre ou cinq ans. En Allemagne, la dose moyenne est de 8 à 10 hectolitres qu’on renouvelle tous les quatre ans. En Angleterre, on emploie de très grandes quantités de chaux, 100, 200, jusqu’à 400 hectolitres dans les terres tourbeuses.

Si on excepte ces chaulages en quelque sorte fabuleux, on reconnaît qu’en moyenne la quantité de chaux employée se trouve comprise entre 3 et 5 hectolitres ou de 400 à 700 kilos par hectare et par an.

Il est beaucoup plus difficile de donner la moyenne des quantités de marne répandues ; en effet, ces quantités varient avec la teneur de cette marne en carbonate de chaux, et, comme il est rare que les cultivateurs se donnent la peine de faire procéder à l’analyse des marnes qu’ils emploient, ils se laissent guider par l’expérience et la tradition.

Habituellement, on charrie la marne par un temps sec ; quand la terre porte facilement les chariots, on la dispose par petits monceaux alignés et équidistans, comme on le fait pour le fumier. Si la marne ne se délite que lentement sous l’influence de l’humidité, il est avantageux de la conduire sur les pièces avant l’hiver ; elle se gorge d’eau pendant l’automne et, quand la gelée arrive, la force expansive de la glace réduit toute la masse en poudre ; il n’y a plus qu’à l’épandre régulièrement et à l’enfouir par les labours ; si, au contraire, on possède une marne facile à pulvériser, l’époque de la conduite ou de l’épandage devient indifférente.

Quand la chaux vive se combine à l’eau, s’hydrate, elle subit une augmentation de poids d’un tiers environ ; aussi, pour éviter d’exagérer les frais de transport, c’est habituellement la chaux vive qui est conduite dans les champs, et pour qu’elle s’éteigne et se pulvérise sans se délayer, on en fait de petits tas réguliers qu’on recouvre de terre ; la chaux ne reçoit ainsi que de faibles quantités d’eau, elle foisonne lentement et, bientôt réduite en poudre, peut être étendue régulièrement à la pelle et enfouie à la charrue.

Souvent, on emploie la chaux eu composts ; on creuse un fossé dans un endroit sain de la pièce à chauler, on y dispose un lit de chaux vive, puis des curures d’étang, des gazons, des balayures