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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 157.djvu/197

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Mais qui pourrait dire que, mieux informés de la marche de leurs propres opérations, mieux renseignés sur l’état et les mouvemens des forces américaines, les Espagnols n’auraient pu faire une plus longue résistance ?

Le rôle des câbles s’est donc affirmé d’une façon qui doit préoccuper tous les pays. Une nation qui a des escadres à faire mouvoir et des colonies à défendre, doit posséder, si elle veut tenir son rang, des « dépôts de charbon et des câbles télégraphiques. » On l’admet aujourd’hui comme une vérité. Un court exposé du progrès fait par cette idée dans les nations maritimes et coloniales, nos voisines et nos concurrentes, présentera peut-être quelque intérêt.

Si, au milieu des graves problèmes coloniaux devant lesquels se trouve une partie de l’Europe, un pays devait être à l’abri des inquiétudes que peut faire naître le rôle des câbles télégraphiques en temps de guerre, c’est assurément l’Angleterre. Nous avons vu qu’elle possède, par ses Compagnies de câbles, la plus grande partie du réseau télégraphique qui sillonne les mers ; qu’elle a entre les mains, avec ce réseau de plus de 250 000 kilomètres, un moyen de véritable domination sur le monde entier.

Pourtant, elle n’est pas encore rassurée, parce que certains de ses câbles touchent, sur quelques points de leur parcours, à des territoires non anglais. Elle veut, — et l’on sait ce qu’est la volonté anglaise, — un réseau de câbles prenant ses atterrissages exclusivement en territoire britannique. C’est une nouvelle expansion de son impérialisme, qu’elle veut étendre cette fois jusqu’aux profondeurs des océans. On pourrait croire à quelque fantaisie, si l’idée d’avoir des câbles « impériaux » n’était effectivement soutenue en Angleterre par des personnalités de tout premier rang, et si elle n’avait déjà fait naître des projets qui vont être réalisés.

Le gouvernement anglais a décidé, il y a quelques mois, qu’une subvention de 500 000 francs serait ajoutée par la Métropole aux subventions, atteignant un million, données par le Canada et l’Australie, pour l’établissement d’un câble transpacifique partant de Vancouver pour atteindre l’Australie en se dirigeant sur les îles Fanning et Norfolk, rochers à peu près déserts perdus dans le