territoire ; mais il doit être prêt à repousser toute agression qui viendrait du dehors. Nous reconnaissons volontiers que, depuis d’assez longues années déjà, la politique allemande a été conforme à ces principes ; mais les développemens de cette politique n’en modifieront-ils jamais le caractère ? La lecture du discours de M. de Bulow n’est pas, à cet égard, absolument convaincante. On pourrait y trouver, sans une excessive application d’esprit, des affirmations légèrement contradictoires. Ainsi M. de Bulow proteste qu’il ne songe pas à des conquêtes ; mais, en même temps, il proclame la nécessité pour la marine impériale, de s’assurer sur toute la surface du globe un plus grand nombre de points d’appui. Il va plus loin. « Entre la Greater Britain, dit-il, et la Nouvelle France, nous avons droit à une plus grande Allemagne. » Il est peut-être difficile de concilier absolument la première déclaration avec la seconde. « Sommes-nous, s’écrie encore M. de Bulow, à la veille d’un nouveau partage de la terre ? Je ne le crois pas, j’aime mieux ne pas le croire ; mais, en tout cas, nous ne pouvons pas souffrir qu’une puissance étrangère quelconque, un Jupiter étranger, vienne nous dire : « Qu’y faire ? L’univers est partagé. » Nous ne voulons empiéter sur aucune puissance, mais nous ne voulons pas davantage qu’on nous marche sur les pieds et qu’on nous pousse de côté, ni en politique, ni en affaires. » Il semble bien, d’après ce passage, que M. de Bulow ne regarde pas le partage du monde comme achevé, ni comme définitif dans sa distribution présente, et s’il n’y a pas là quelque chose qui ressemble au désir de nouvelles extensions territoriales, que faut-il donc y voir ? Au reste, nous l’avons dit maintes fois et nous le répétons, les appétits coloniaux de l’Allemagne n’ont rien qui nous inquiète, et si M. de Bulow cherche dans tout l’univers des points d’appui, nous ne sommes pas fâchés de voir s’y créer des contrepoids. Il a rendu à la France la justice que, dans toutes les affaires coloniales, l’accord avec elle avait été facile, sur une base équitable. Il continuera d’en être ainsi. Le développement colonial de nos voisins de l’Est ne nous porte aucun ombrage, et nous souhaitons volontiers qu’ils y trouvent les satisfactions qu’ils y cherchent.
Un autre passage du discours de M. de Bulow a pour nous un intérêt encore plus vif, parce que l’orateur y a abordé, traité et résolu usa manière une question qui se pose pour nous exactement dans les mêmes termes que pour l’Allemagne. Combien de fois n’avons-nous pas entendu répéter qu’il était impossible à une puissance comme la France de soutenir à la fois une grande politique continentale et une grande politique coloniale ? Il faut opter, disait-on ; mais il est plus facile de