attacher leur vie et leur nom. Il est vrai qu’ils appartiennent pour la plupart à l’arme de tous les héroïsmes et de toutes les abnégations, j’ai nommé l’Infanterie de marine. Souhaitons donc que les facilités les plus grandes pour la prolongation de séjour soient laissées dans l’organisation nouvelle à tout officier dont la santé le permet : que le congé soit prévu et enfin que, dans la plus large mesure, les officiers qui le désirent restent affectés à la même colonie. Cette mesure ne peut être absolue, il convient de laisser un débouché aux curieux et aux inquiets, et d’ailleurs au début d’une carrière les expériences de colonies diverses se contrôlent l’une l’autre : mais, d’une manière générale, la conception la plus logique et la plus féconde, la plus vraiment coloniale, c’est celle d’une armée du Soudan, d’une armée de Madagascar, d’une armée d’Indo-Chine, ainsi que d’autres nations nous en donnent l’exemple.
Enfin il est une dernière considération qui exige que la direction suprême de cette armée soit bien autonome et surtout très, très coloniale. C’est que la base d’appréciation des services rendus ne peut pas, ne doit pas y être la même que pour les services militaires métropolitains.
Et cela est évident puisque les deux armées n’ont pas le même rôle, et, si elles avaient le même rôle, point ne serait besoin d’armée coloniale, il suffirait d’armée aux colonies.
Il faut avoir été aux colonies pour savoir que le plus vrai mérite y réside dans les labeurs qui trouvent ici le plus difficilement leur sanction. Il n’est pas bon que le motif trop exclusif de récompense soit le « fait de guerre. »
On comprendra sans qu’il soit besoin d’insister.
Croit-on qu’il faille nulle part une plus grande dépense d’énergie, d’endurance, d’autorité, qu’il n’en faut à l’officier chargé de la construction d’une route en pays sauvage ? Il passe des mois, des années parfois, dans des abris improvisés, miné par la fièvre, compagne inséparable de tels travaux, allant d’un chantier à l’autre, n’obtenant qu’à force d’énergie, d’exemple, de volonté imposée, le rendement maximum de son personnel. Croit-on qu’il ne faille pas plus d’autorité, de sang-froid, de jugement, de fermeté d’âme, pour maintenir dans la soumission, sans tirer un coup de fusil, une population hostile et frémissante que pour la réduire à coups de canon une fois soulevée ?
Qu’on me permette d’évoquer le souvenir d’un commandant