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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 157.djvu/591

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LE
MÉCANISME DE LA VIE MODERNE

L'HABILLEMENT

I.[1]
CHAPEAUX, PLUMES ET FLEURS

Nourris et logés par la nature, les animaux, les plantes, sont aussi par elle confortablement vêtus, équipés de couvertures suffisantes : plumes ou laine, écorces ou coquilles, elle leur a tout donné. Seul, sous le ciel, l’homme est nu ; il ne trouve en venant au monde ni le vivre, ni le gîte, ni le couvert. Il a dû emprunter à de plus favorisés que lui, pour se cacher sous leurs dépouilles, le poil et le cuir, la soie et le coton.

A-t-il eu tort ? Peut-être se serait-il, à la longue, accoutumé à sa nudité ? Des peuplades sauvages, sous une latitude à peu près semblable à la nôtre, ne paraissaient point trop souffrir de l’absence des maisons de confection, lorsque nous sommes venus leur faire honte de cette indécence. Nous-mêmes gardons toujours, exposées aux intempéries, les plus délicates parties de notre corps : la bouche, les yeux, le nez et les oreilles. Il n’y a pas de longs siècles qu’un paysan, travaillant en chemise au cœur de l’hiver, répondait à un bourgeois qui lui demandait comment il pouvait supporter cette misère : « Vous, monsieur, vous avec, bien la figure découverte ! Et moi, je suis tout figure ! » Les gens du peuple en Orient ont, à cause de l’usage du turban, la tête

  1. Voyez la Revue du 15 août 1899.