d’arrivée de toutes les côtes de France dont l’accès est le plus facile pour la grande navigation en provenance de l’Amérique ; et les ingénieurs, qui l’ont réellement créé tout d’une pièce, ont eu l’intuition très nette du grand rôle qu’il pouvait remplir dans nos transactions commerciales lointaines. Tous les autres ports de la côte bretonne ont plus ou moins le caractère de ports de cabotage ou de ports de pêche. Saint-Nazaire est surtout destiné aux Transatlantiques et aux navires au long cours. Le port tout moderne est admirablement aménagé, et tout a été prévu pour permettre son extension progressive et satisfaire à tous les développemens du plus large avenir.
La petite rade, aux eaux presque toujours calmes, dans laquelle débouche le chenal qui sert d’accès au premier bassin, est couverte par un môle en maçonnerie de 180 mètres de longueur, construit vers 1830, à l’époque où il n’était pas encore question de faire de Saint-Nazaire un grand établissement maritime. Ce môle protège une petite darse d’échouage pour les chaloupes des pilotes de l’embouchure de la Loire ; mais il n’existe pas d’avant-port proprement dit, et les plus gros navires peuvent facilement mouiller en pleine rade, et y rester à flot par tous les temps et à toutes heures de marée. Deux écluses, l’une de 25 mètres de largeur pour les Transatlantiques, l’autre de 13 mètres seulement pour les navires moyens, toutes deux munies seulement de portes d’èbe, donnent accès dans le premier bassin à flot. C’est le bassin de Saint-Nazaire, qui a été commencé en 1842 et livré à la navigation en 1856. Il a été entièrement creusé dans la vase atterrissante de la Loire, entre le promontoire schisteux de Saint-Nazaire et la pointe rocheuse de la Ville-Halluard, au pied de la falaise couronnée par le dolmen, resté en place depuis plus de vingt siècles, qui occupe le centre de l’une des places de la ville née d’hier. C’était là que se trouvait et que paraît s’être maintenu jusque vers le IXe siècle l’estuaire du Brivet, et ce n’est guère qu’à cette époque qu’il s’est dévié peu à peu vers l’amont, à 2 kilomètres environ, pour former l’étier de Méan.
L’ancienne anse naturelle dont les deux rochers de Saint-Nazaire et de Penhouët étaient les deux bastions avancés et comme de véritables môles protecteurs, s’offrait ainsi aux navigateurs dès l’origine de notre ère et même des premiers âges de la civilisation comme un port très bien abrité. Les fouilles exécutées pour le creusement de ce premier bassin ont mis en effet à jour des os-