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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 157.djvu/696

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Lyon ; les bas de fleuret (ou soie inférieure) doivent être plombés dans cette ville, après avoir reçu une pareille estampille soit à Marseille, soit au Pont-de-Beauvoisin, sur la frontière de la Savoie. Chaque prohibition se sanctionnait par une peine identique : confiscation pure et simple.

De plus en plus précis et rigoureux, les règlemens se succèdent à peu d’intervalle. Celui de 1719 nous renseigne sur les modes, en nous apprenant que les bas de femme doivent peser au moins 2 onces et demie (soit près de 80 grammes, ou enfin de 1 kilogramme à la douzaine). On voit sur-le-champ qu’il s’agissait d’obtenir des articles solides, parce qu’ils étaient destinés à l’usage courant. Pour hommes, le poids requis s’élevait à 4 onces ou 120 grammes.

De même qu’on avait interdit, sous les peines les plus sévères, d’emporter d’Angleterre des métiers à bas, de même, dans les premières années du XVIIIe siècle, il était défendu de faire passer ces instrumens de Languedoc en Provence, et ce, malgré la complicité des autorités transrhodaniennes, qui souhaitaient vivement voir s’établir cette industrie dans leur pays. A quoi les intendans du Languedoc répondaient que les métiers, loin de s’arrêter à Marseille pour fonctionner dans cette ville, s’embarquaient clandestinement pour l’étranger, malgré les 1 000 livres d’amende qu’entraînaient les fraudes de ce genre. Si l’amende était exorbitante, il faut convenir qu’à côté de la peine capitale, elle constituait un immense adoucissement et un acheminement vers la liberté relative de la circulation des métiers dans tout le royaume et à l’étranger, qui fut enfin permise en 1739, au prix de certaines formalités, supprimées elles-mêmes en 1758.

En somme, pendant les règnes de Louis XV et de Louis XVI, le travail de la bonneterie de soie au métier se concentre à Paris d’abord, puis dans les Cévennes et le bas Languedoc. Les bas de la fabrique de Paris sont très solides, obtenus qu’ils sont à l’aide de machines assez perfectionnées, et se consomment dans la capitale. Ils coûtent de 11 à 15 livres la paire. Ceux de Nîmes et de la région, résultant d’un outillage primitif, sont exclus du commerce de Paris. En France, ils ne chaussent que les Méridionaux, mais ils s’exportent en Allemagne, Angleterre, Italie, Russie, et s’expédient dans l’Amérique espagnole. Les créoles de l’Amérique et surtout leurs femmes, personnes moins remarquables par leur activité que par leur élégance, exigent des articles bon