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que ce soit, nos forces vitales, nos œuvres vives pour ainsi dire. Nous ne ferons pas, pour protéger les côtes de France, celles de l’Algérie, de la Tunisie ou des colonies, plus que l’on ne fait, plus qu’un homme sérieux n’oserait proposer de faire pour éviter des maux infiniment plus graves à des villes situées non loin de nos frontières, comme Mézières, Dijon, Reims ou Amiens.

Répétons que, pour la défensive proprement dite, le rôle de la flotte est sensiblement nul et, nous le comptons comme tel.


III

Parlons maintenant de l’offensive.

Qu’on lise l’histoire de toutes les guerres, depuis que les nations ont tenté de se détruire les unes les autres, et on constatera que, pour se défendre, il faut attaquer, même et surtout quand on a, à la fois, la surface et la masse la plus faible. Ce que nous affirmons ici est une vérité d’ordre matériel, mécanique, pour ainsi dire, incontestable, aussi bien quand il s’agit du choc de la matière contre la matière, que lorsqu’il s’agit de lancer les hommes les uns contre les autres. La rapidité de l’action contre un point d’attaque hardiment choisi, et une grande vitesse peuvent compenser et au-delà le défaut de masse, l’infériorité du nombre et la petite surface.

En ce qui concerne sa puissance navale, la France est petite relativement à l’Angleterre ; aussi devrait-elle être exclusivement offensive, même quand, ce qui n’est pas, son territoire courrait des risques sérieux dans le cas d’offensive de la part des forces anglaises ; et ici nous tenons à déclarer tout de suite que c’est en vue d’une guerre à engager et à soutenir contre l’Angleterre seule que les forces maritimes de la France peuvent être calculées : parce que, d’une part, cette lutte étant toujours possible, il est nécessaire de s’y préparer ; et parce que, d’autre part, les forces navales, qui suffiraient à cette lutte, seraient surabondantes pour toutes celles qu’on peut raisonnablement prévoir contre les autres puissances maritimes.

Quels peuvent être les objectifs de l’offensive contre l’Angleterre ?

Le premier que nous citerons, pour l’éliminer de suite, bien qu’il soit sérieusement envisagé par tout le monde, et particulièrement par les écrivains de la jeune marine, c’est la destruction du