attributions sont analogues à celles des anciennes ghildes de métier, dont elles ont repris la tradition, ont pu se plier aux exigences de l’industrie la plus florissante du monde et donner une remarquable élasticité au marché commercial anglais.
En Allemagne, le mouvement corporatif s’est produit dans des conditions très différentes. La corporation n’avait jamais été supprimée légalement, mais, dans un intérêt de centralisation, les rois de Prusse et M. de Bismarck s’étaient appliqués à briser les cadres et à proclamer, sous prétexte de liberté du travail, une législation calquée sur celle des pays voisins et enlevant aux travailleurs le droit d’association. Mais, bientôt effrayé des progrès du socialisme et de la propagande révolutionnaire qui se faisait dans les masses ouvrières désorganisées, l’empereur Guillaume, par des rescrits fameux, entra résolument dans la voie des réformes sociales. En même temps qu’il édictait des lois de proscription contre les révolutionnaires, il résolut de donner satisfaction complète à toutes les revendications légitimes des ouvriers, afin d’enlever aux socialistes le côté le plus séduisant de leur programme. Tout d’abord le grand chancelier, fidèle à ses idées de centralisation, chercha à organiser l’assurance par l’État et à réaliser, dans une certaine mesure, les desiderata des socialistes ; mais, arrêté par la résistance du Centre catholique, il eut la sagesse de céder et de chercher dans la tradition la solution pratique des problèmes sociaux.
Rien de plus intéressant et en même temps de plus difficile que l’étude de la législation sociale allemande : bien qu’elle ait été créée de toutes pièces dans l’espace d’une dizaine d’années, elle présente une complexité et des contradictions apparentes qui déroutent l’observateur. C’est par voie d’autorité que les pouvoirs publics ont entrepris de réformer l’organisme social, mais cette législation autoritaire laisse aux corps organisés une liberté, une autonomie qui contrastent avec nos mœurs administratives. Elle est le résultat d’une lutte entre les deux influences qui se partageaient le Parlement allemand, celle du chancelier, partisan de l’intervention de l’Etat dans toutes les manifestations de l’activité humaine, et celle du Centre catholique, qui depuis longtemps, sous l’inspiration de grands esprits dont Mgr Ketteler