dame d’honneur, qui rapprochaient à chaque instant de la Reine, étaient réclamées par Mme de Prie, en raison de la part qu’elle avait prise aux négociations et de ses relations antérieures avec le roi de Pologne. M. le Duc, sentant de lui-même le beau scandale que soulèverait cette nomination, s’abrita derrière l’avis de M. de Villars. Le maréchal raconte, dans ses Mémoires, qu’il « le détermina à jeter les yeux, préférablement à toutes, sur une dame dont la conduite fût respectable, et les deux qui pouvaient le plus mériter cette place étaient la maréchale de Gramont et la maréchale de Boufflers ; la première ne put l’accepter, à cause de l’état languissant de son mari, et la maréchale de Boufflers fut déclarée. » On dédommagea Mme de Prie par une des places de dame du palais, et par celle de secrétaire des commandemens donnée à son fidèle Paris-Duverney, assuré dès lors, comme elle, d’avoir les moyens d’agir à toute heure sur l’esprit de la Reine. Le marquis de Nangis fut nommé chevalier d’honneur, le comte de Tessé, fils du maréchal, premier écuyer, et le chevalier de Vauchoux fut récompensé de ses services par une des places d’écuyer de quartier. L’évêque de Châlons, un Saulx-Tavannes, fut choisi pour premier aumônier ; M. de Fréjus hésita à accepter la place de grand aumônier et finit par s’y déterminer. La dame d’atour fut la comtesse de Mailly, mère de nombreuses filles destinées à jouer un rôle dans la vie de la Reine. Quant aux douze dames du palais, il y en eut six titrées et six non titrées : la maréchale de Villars, les duchesses de Béthune, de Tallard, d’Epernon, la comtesse d’Egmont, la princesse de Chalais, les marquises de Nesle, de Prie, de Gontaut, de Matignon, de Rupelmonde et de Mérode. On murmura contre des choix dont la moitié au moins laissait prise à la médisance ; ils semblaient peu faits pour l’entourage d’une jeune reine, Mme de Prie s’étant arrangée de façon à n’y pas être seule de son espèce.
Le lieu où devait se faire la cérémonie du mariage par procuration donna motif à des incertitudes. Comme les parens de la fiancée n’étaient point dans leurs Etats, on convint de choisir la capitale de la province où ils recevaient l’hospitalité ; Strasbourg était, de plus, la ville épiscopale du cardinal de Rohan, chargé, comme grand aumônier de France, de célébrer le mariage royal. Un grand personnage devait être nommé pour aller épouser ; M. le Duc, bien qu’il lui on coûtât de proposer au Roi le duc d’Orléans, ne put faire autrement que de s’y résigner, afin d’ajouter à