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l’arrière et au-dessus de l’eau, laisse filer la ligne dans sa main, et comme la vitesse du bateau a été réglée de telle sorte qu’au moment où le plomb touche le fond il est exactement au-dessous de l’homme tenant la ligne, celui-ci la sent s’arrêter. Il la soulève légèrement, la tend bien verticalement, observe l’affleurement, c’est-à-dire la hauteur de l’eau, et crie la mesure trouvée. Pendant ce temps, l’ingénieur a tracé sur la carte, par la construction géométrique d’au moins deux segmens capables des angles qu’il a pris, la position exacte de la station et il lui attribue la cote trouvée à la sonde. Dans les pays à marée, le brassiage est corrigé et ramené, pour la France, à un niveau uniforme, qui est celui des plus basses mers.

La ligne de sonde, enroulée sur un treuil à vapeur ou électrique, est remontée à bord. Un dispositif simple et ingénieux, un petit chariot qui glisse le long d’une corde tendue entre l’homme qui sonde et la vergue du mât de misaine, prend le plomb et le ramène jusqu’à l’extrémité de cette vergue. Arrivé à pic, on le fait retomber à la mer et on obtient une nouvelle cote de profondeur dans des conditions identiques à celles de l’opération précédente, tandis que l’ingénieur établit lui aussi une nouvelle station dont la position est encore fixée à l’aide de mesures d’angles sur les repères du rivage.

En embarcation, tandis que les canotiers avancent doucement à l’aviron et que l’hydrographe prend ses angles, le sondeur, debout sur une plate-forme à l’avant de la baleinière, balance son plomb une ou deux fois pour lui donner de l’élan et l’envoie aussi loin que possible devant lui. Il laisse la ligne glisser entre ses mains pendant sa descente, la sent s’arrêter dès que le plomb a touché le fond, la tend verticalement et en crie la longueur immergée qui est aussitôt inscrite.

De quelque façon qu’on ait opéré, au large, où la position est donnée par des observations astronomiques, près de la terre ou dans son voisinage immédiat, l’espace de mer est criblé de coups de sonde, dont chacun a sa cote de profondeur. On entoure d’une courbe, sur la carte, tous ceux de même profondeur, et l’on délimite ainsi des aires ou surfaces successives dont tous les points ont des profondeurs comprises entre deux valeurs déterminées. Ces aires isobathes, limitées par les courbes isobathes, sont espacées selon les cas, de mètre en mètre, de 10 en 10 mètres, de 100 en 100 mètres et, dans les portions centrales des océans, de 500,