assuré dans tous les pays des correspondans. Le nombre en est considérable, et ses contemporains les plus illustres par leur situation, leur savoir ou leur talent figurent sur cette longue liste. Il aurait souhaité que tous ceux qu’il aimait pussent se connaître et de son mieux il s’appliquait à servir de lien entre eux. Un de ses amis devait-il partir pour quelque voyage, il rédigeait aussitôt pour lui une note détaillée de toutes les personnes et de toutes les choses qu’il devait voir sur son chemin, et non seulement il lui donnait des lettres de recommandation auprès des gens, chez lesquels il voulait l’introduire, mais il le chargeait pour eux de cadeaux qui assuraient au voyageur le meilleur accueil. Partout, d’ailleurs, à Paris, à Anvers, en Italie, en Allemagne et jusque dans le Levant, il avait lui-même des agens chargés de le tenir au courant de ce qui se passait dans ces divers pays, d’acheter pour lui les objets antiques ou curieux qu’on lui signalait et de les lui expédier. Nos consuls, les religieux des différens ordres recevaient de lui des instructions et avaient avec lui des comptes ouverts.
Le difficile était d’assurer la régularité des envois qui lui étaient adressés ou de ceux qu’il voulait faire lui-même. En ce temps, en effet, les occasions étaient rares. Dans la plupart des contrées il n’existait pas de voies de communication, et les chemins, quand il y en avait, étaient souvent impraticables. D’un pays à l’autre, la guerre interceptait les lettres et interdisait toutes les relations. La mer n’était pas plus sûre ; la Méditerranée était sillonnée par les corsaires barbaresques ; la peste, qui régnait fréquemment, imposait aux navires des quarantaines prolongées ou mettait entre les diverses provinces des barrières infranchissables. C’étaient alors de longs retards et d’inévitables détériorations pour les colis expédiés : on passait les livres et les manuscrits au vinaigre ; les animaux envoyés vivans mouraient pendant les traversées ; les plantes fraîches se desséchaient ou pourrissaient ; les vins ou les liqueurs se gâtaient ou étaient bus en route.
Rien ne rebute Peiresc. Il est au courant de tous les moyens de transport ; il guette les occasions, il les provoque. Il sait quels sont les départs des coches, des courriers, des navires ; il s’efforce de créer lui-même des services réguliers et de leur assurer des subsides. Il surveille les emballages ; il connaît la moralité des voituriers, des patrons de bateaux, et il sait le degré de confiance