Le dessus de sa main, en effet, était noir de poudre.
Et il prit l’pistolet de l’off’cer boy.
Il y a bien des choses qui se passent sur les champs de bataille et qui ne figurent pas dans l’règlement. »
Et, en effet, ce champ de bataille est témoin d’étranges choses, où la sauvagerie n’est pas seulement du côté des Afghans. Tandis que les Tyrone se crient les uns aux autres : — Rappelez-vous Tim Coulin ! — Crook roule les yeux autour de lui et dit à Mulvaney :
— Y a-t-il un clairon ici ?
— Je rentre dans la mêlée, dit Mulvaney, et j’attrape notre clairon, le petit Frehan, qui jouait, Dieu m’pardonne, de la carabine et de la baïonnette.
— C’est pour t’amuser comme ça qu’on te paye, filou ? que j’iui dis. Allons, viens faire ton devoir, et vite.
Il n’était pas content, non ; mais j’vous le prends sous mon bras et j’vous le porte à Crook, qui observait le combat, et Crook commence par le gifler jusqu’à le faire pleurer, et puis i n’ dit rien pendant une minute. Les Paythans commençaient à vaciller, mal à leur aise. V’là que nos hommes poussent un rugissement.
— Allons, dit Crook au clairon, allons, sonne, petit, pour l’honneur de l’armée anglaise. — Et c’t’enfant-là souffla comme une trombe.
C’est le signal de la déroute. Les Afghans ont rompu, ils sont maintenant dans la partie la plus large du défilé. Le Tyrone et le Vieux Régiment réunis les chassent dans la vallée, où le bal commence. Et tout ce qui s’était passé auparavant n’était que gentillesse au prix de ce qui se passa. Le feu roulait sur les flancs de ce qui restait de nos troupes, s’élargissant quand s’élargissait la vallée et se resserrant avec elle ; figurez-vous les lames d’un éventail. Les munitions ne manquaient pas, puisqu’on ne s’était servi jusque-là que du couteau.
— Ça devenait un travail de gentleman, dit Ortheris. On aurait pu le faire en bas de soie. J’étais à mon affaire.
Et de loin, de très loin, en entendait hurler les Tyrone. Leurs sergens ne parvenaient pas à les arracher de là. Ils étaient fous, fous, fous. Quand tout fut fini, Crook, effrayé du nombre des morts, cacha son visage entre ses mains.
Petit à petit les hommes reviennent, avec « le brouillard de la bataille » sur eux.