deux saints Louis rayonnent sur un fond de somptueux outremer tout constellé de lys.
Parcourez maintenant les églises de Toscane et d’Ombrie, ces musées de fresques : vous pourrez souvent y saluer au passage l’un ou l’autre des saints de France. L’évêque de Toulouse reparaît jusqu’à trois fois sur les murs du seul monastère de San-Francesco à Pistoia, et l’on couvrirait des pages d’album à noter ses représentations sur les tableaux des giottesques ou des premiers Siennois réunis dans la Galerie de Pise, à l’Académie de Sienne, ou à celle de Florence.
Ainsi les deux saints Louis, celui dont parle à tous les enfans leur premier livre d’histoire, et celui que la France a presque oublié, ont eu l’un et l’autre cette fortune singulière d’avoir leur portrait idéal peint au XIVe siècle par les deux plus grands maîtres de Florence et de Sienne ; puis, il n’y eut si pauvre église franciscaine qui ne tint à honneur de conserver l’effigie de l’un ou de l’autre, et si petit peintre de fresques ou de panneaux qui ne s’essayât à la retracer. Pourquoi donc Giotto et Simone Martini ont-ils mis tant de soin et d’amour à représenter ce roi de France ? Pourquoi retrouve-t-on partout, au cœur de l’Italie, cet évêque de Toulouse, né et mort à Brignoles ? Le second saint Louis n’a guère tenté les peintres et les sculpteurs français. On connaît deux images de lui qui furent exécutées au milieu du XIVe siècle et au commencement du XVe, l’une pour Philippe VI, l’autre pour Louis d’Orléans : c’était un tableau de l’abbaye de Bourgfontaine, dans l’Aisne, et une broderie historiée appartenant au trésor de Chartres, qui ont disparu tous deux depuis longtemps. Aujourd’hui, avec une statuette du XVe siècle et deux bas-reliefs conservés à Toulouse, auxquels on peut ajouter trois miniatures d’un livre d’heures volé à la Bibliothèque Nationale, et perdu dans la collection d’un lord anglais, on aurait épuisé la liste des représentations de saint Louis d’Anjou que peut encore offrir l’ancien art français. Comment donc l’image de ce saint s’est-elle imposée à l’art italien du XIVe siècle ?
Ruskin s’est arrêté longuement à Santa-Croce, dans la chapelle des Bardi, au cours d’une de ces Matinées de Florence, — Mornings in Florence, — où il promène ses compatriotes d’église