attribuait à son intercession des grâces obtenues, et qu’elle trouvait en lui un modèle idéal de la vie franciscaine. Mais Florence n’a pas dû pratiquer la première le culte d’un saint étranger ; ce culte, d’où l’a-t-elle reçu ? De la Provence, où s’était achevée la vie de saint Louis, ou bien de Naples, où régnait son frère ? Ces fleurs de lys dont les peintres ont entouré l’image du saint français, les ont-ils prises à l’écusson de France, ou à l’écusson d’Anjou-Sicile ? Et d’où est venu surtout, avec le culte de saint Louis de Toulouse, celui du roi saint Louis ? de Paris ou de Naples ? de la Sainte-Chapelle ou de Castel-Nuovo ?
Lorsque la canonisation de saint Louis d’Anjou eut été prononcée, le 7 avril 1317, le pape Jean XXII, qui avait connu le jeune évêque de Toulouse, quand lui-même, Jacques d’Euge, était évêque de Fréjus, proclama dans sa bulle solennelle que grande devait être la joie des royaumes de France, de Sicile et de Hongrie, aussi bien que celle de l’ordre franciscain, et il rédigea des brefs de félicitation pour tous les parens couronnés du nouveau saint. La lettre destinée à Philippe le Bel réunissait dans une « même glorification les deux saints Louis. « Dans la même maison, disait le pontife, le Seigneur miséricordieux a suscité de nos jours deux combattans du combat spirituel, qui, protégés par l’écu de la foi et ceints des armes de la pénitence, ont couru la carrière de la vie présente pour gagner l’incorruptible couronne, tous deux de même nom, tous deux de même race, tous deux d’une admirable sainteté. » Des lettres analogues furent envoyées d’Avignon à Don Sanche et à Dona Maria, roi et reine de Majorque, à Jacques II, roi d’Aragon, à Blanche, duchesse de Bourgogne, à Jeanne, reine d’Arménie. Mais surtout, le pape adressa une série de brefs aux princes de la cour de Naples, à Marie de Hongrie, veuve de Charles II d’Anjou et mère de saint Louis, au roi Robertet à Philippe, prince de Tarente, ses frères, à la reine Sancia, sa belle-sœur, à Charles, duc de Calabre, son neveu. C’étaient les princes de Sicile et de Jérusalem qui formaient la garde d’honneur la plus nombreuse autour du second saint Louis. D’ailleurs, la maison d’Anjou ne pouvait-elle pas revendiquer l’honneur de cette canonisation, qu’elle avait poursuivie de concert avec l’ordre de Saint-François ? Charles II n’avait-il pas tenté les